« Emmanuelle » fut un véritable film événement en son temps. Une diffusion en salles pendant des années, totalisant près de 9 millions de spectateurs en France (!). La légende raconte même que des touristes étrangers débarquaient par bus pour pénétrer dans les salles, et voir ce symbole du nouvel érotisme à la française…
Un succès qui fit de Sylvia Kristel une égérie du genre, avec cette célèbre affiche présentant l’actrice néerlandaise à demi-nue sur un fauteuil en rotin. Et naturellement, de nombreux films érotiques qui tentèrent de naviguer dans son sillage, les multiples suites en tête. Ce renouveau de l’érotisme étant alors largement aidé par la classification X, mise en place en 1975, qui a restreint l’accès à la production pornographique.
Mais de nos jours, « Emmanuelle » a-t-il le moindre intérêt ? Franchement, pas vraiment…
Le cadre exotique de la Thaïlande (tourné sur place et aux Seychelles) a sans doute fait rêver à l’époque. De même que les scènes sensuelles, bien que tout le monde reste souvent gentiment habillé. Les images filmées par Just Jaeckin étant tout à fait correctes.
Sauf que le bonhomme est alors un photographe, il s’agit de sa première réalisation et cela se ressent pleinement. Les acteurs sont rigides au possible, il n’y a aucun sens du rythme, et les répliques sonnent faux (on est parfois à deux doigts du nanar !). Le film se limitant à une suite de parties de jambe en l’air et de séductions stériles. Il ne dure qu’1h30 et c’est déjà interminable. Je n’ose imaginer la version complète…
Et puis il y a l’évocation du féminisme… Alors je veux bien que certaines images sensuelles aient pu émoustiller des jeunes femmes à l’époque. Quoique aujourd’hui elles ne donneraient même pas la mi-molle à un spectateur lambda, abreuvé de scènes de sexe par diverses séries & films.
Mais bon, sur certaines séquences on n’est pas loin de l’apologie du viol (mais oui, laisse-toi donc prendre par le premier type louche venu, tu verras c’est jouissif !). Et puis c’est assez risible de voir Emmanuelle s’interroger sur les plaisirs et le statut homme/femme. Jeune femme entretenue, mariée à un diplomate vivant en Thaïlande, sans enfant, sans travail, dans une demeure luxueuse entourée de domestiques. C’est très représentatif de la Française moyenne !
Bref, un film au statut historique, et c’est tout.