La nullité de cette nouvelle adaptation d’Emmanuelle est d’autant plus grande qu’elle s’inscrit en porte-à-faux avec les prétentions de sa réalisatrice et de son équipe : représenter la reconquête du désir par une femme qui ne ressent plus rien parce qu’elle se subordonne aux desiderata des autres, orchestrer une reconnexion avec son corps. Certes ! Devant le film, pourtant, rien de tout cela n’advient : le désir n’est aucunement intériorisé mais au contraire explicité par une voix off et par des dialogues invalidant aussitôt les silences et les gestes censés en dire plus que les mots – dialogues au demeurant ridicules, dans une langue anglaise impropre. Si la mise en scène clinique s’oppose à l’érotisme moite de l’original, elle ressemble à une vaste campagne publicitaire pour une chaîne d’hôtellerie prestigieuse à l’architecture froide remplie de mannequins qui ne sont jamais des corps à proprement parler, placés derrière une vitrine. Emmanuelle 2024 n’a plus l’apparence d’un magazine de charme mais au contraire d’un catalogue pour marques de luxe. Quant à la femme là-dedans… elle est réduite à l’état d’objet que la réalisatrice habille et déshabille comme une poupée minutieusement placée dans une galerie des glaces. Ne s’y reflète qu’un vide abyssal.