"L'amour, ce n'est pas l'orgasme, c'est l'érection"
Et ce film est, sans hésitation, ni l'un ni l'autre.
Connaissant l'impact qu'il a eu à sa sortie, impossible de lui mettre plus bas qu'un 3/10. En effet, le propos sur l'érotisme et le couple pourraient donner à réfléchir, en se replaçant dans le contexte de l'époque, et même nous en faire apprendre un peu en 2014 (allez... Si on a 18 ans). Malheureusement le film a très mal vieilli, et ces considérations presque rétrogrades aujourd'hui ne doivent leur succès de l'époque qu'à l'archaïsme sexuel dont elles sont témoins.
Cependant, sortir dans les années 1970 pour un film, n'excuse ni l'absence d'originalité et de maîtrise dans la mise en scène, ni la pauvreté des dialogues, encore moins celle du scénario. Emmanuelle, jeune femme riche s'ennuie et fait l'amour. Superbe. Elle le fait dans l'avion, elle se masturbe, elle le fait avec des femmes, elle veut le faire avec un vieux. Aucune logique dans sa recherche à part celle de son mari qui croit que la partager est naturel et qui la pousse à le faire sans lui demander son avis. Emmanuelle n'a pas de personnalité : ni ingénue ni femme fatale, elle est victime de sa beauté et ne sait même pas quoi en faire. Manipulée par une autre femme pour assouvir son plaisir sans vraiment y prendre part elle-même, coeur brisé par une autre qu'elle admire sans la connaître, Emmanuelle "devient une femme" (sans charme) après une courte expérience d'une nuit avec un homme qui est censé être celui qui lui donnera une leçon de sexe et de vie et la rendra ensuite à son mari. Script assez faiblard qui n'est de plus pas transcendé par l'image, personnages un peu fades ou à une seule facette qui ne nous donnent aucune ambiguïté à observer, aucun projet à surveiller, aucune surprise à découvrir, ce qui rend ennuyeux jusqu'à leur plastique tellement parfaite, car elle est montrée à tout bout de champ, sans justification artistique, rendant l'énigme et l'attente résolument absents. N'était-ce pourtant pas le but du film, d'amener un peu d'érotisme et d'inattendu ?
Pas d'explosion visuelle donc (pas d'orgasme), ni de réel enjeu scénaristique, encore moins de teasing, de suspense ou de mise en bouche (pas d'érection), ce film n'est pas amour, il est platitude. Les scènes de sexe sont trop à la portée du spectateur, la musique, ressemblant à celle d'un ascenseur à chaque mise à nu de personnages, sort tout droit d'un mauvais porno, sans compter l'image colonialiste et rétrograde que le film donne de la Thaïlande, à coup de poncifs impérialistes et de clichés de la vie d'ambassade.
Le genre en était sans doute nouveau à l'époque, libérateur de la femme ou que-sais-je, mais une femme simplette, belle, sans ambition et déjà riche, flanquée d'un mari insipide, est-elle vraiment le symbole de toutes les femmes qu'il y avait à libérer alors ?
Emmanuelle, je t'en prie, sors de chez toi avant de te marier et ne crois pas que faire des folies de ton corps résoudra tes problèmes existentiels. Emmanuelle, j'attendais plus de consistance de ta part au vu de ton succès.