Deux ans après "The Color Purple", Steven Spielberg décide de rester dans le même registre et réalise son deuxième film considéré comme étant «sérieux» dans sa filmographie. C'est donc en 1987 que sort "Empire Of The Sun", adaptation du livre éponyme semi-autobiographique de J. G. Ballard, avec Christian Bale, John Malkovich, Miranda Richardson et Nigel Havers.
Décembre 1941, James Graham, jeune britannique vivant à Shanghai, voit sa vie basculer lorsque l'armée impériale japonaise, ayant envahit la Chine depuis 1937, déclare la guerre aux États-Unis et à ses alliés. Séparé de ses parents, il tente de repenser sa vie dans le camp où il se fait emprisonner.
Avec ce film, Steven Spielberg ne renie pas ce qu'il est. Il aborde des sujets difficiles comme la guerre et les camps de prisonniers tout en gardant ceux qui lui tiennent à cœur, à savoir l'enfance et la perte des parents. L'intérêt du film est principalement la guerre vu par le prisme de l'enfant. Cela donne lieu à des scènes d'une extrême intensité comme par exemple la scène du bombardement du campement où l'on peut observer tout le contraste entre la joie de l'enfant et l'effroi de l'adulte. Cet enfant, James Graham, est passionné d'aviation et vient d'une famille aisée qui ne se sent pas très concerné par le conflit sino-japonais. Il suffit de les voir se rendre à une fête costumée dans de luxueuses voitures au milieu de la population chinoise en pleine déchéance. Plus tard dans le film, nous suivrons son parcours dans un camp de prisonniers où une «société» s'est en quelque sorte établie. Le jeune garçon s'adaptera à ses règles et essayera de transformer son séjour en une aventure. Il sera forcé malgré lui à devenir adulte plus vite que prévu et voir son enfance désagrégée par la violence de la guerre.
Christian Bale, âgé seulement de 12 ans, est incroyable et porte le film à lui tout seul. Très naturel, alliant innocence et maturité, il arrive à donner beaucoup de complexité à son personnage, chose forte intéressante pour un enfant. John Malkovich est lui aussi excellent dans le rôle de cet adulte individualiste et opportuniste et la relation avec Christian Bale marche très bien. Il possède aussi un physique assez particulier, et d'ailleurs, il m'a fallu un peu de temps avant de reconnaitre que c’était bien lui.
La mise en scène de Spielberg est très réussie et très soignée grâce à la sublime photographie de Allen Daviau. On retrouve de nombreux plans absolument magnifiques, remplis de symbolisme et débordants de beauté et de poésie. En témoigne le plan de James caressant un avion japonais au milieu des étincelles, ou encore l'explosion de la bombe atomique prenant un caractère divin. La musique de John Williams est, comme à son habitude j'ai envie de dire, excellente, mention spéciale à la chanson "Suo Gan".
Avec "Empire Of The Sun", Steven Spielberg arrive à rendre beau le laid, traitant le sujet de la guerre sur fond de poésie. Christian Bale livre une prestation remarquable dans la peau de ce jeune garçon bien trop rêveur par rapport aux horreurs qui l'entourent.