Après avoir vu The Fabelmans et Babylon, quand j'ai vu qu'on allait avoir droit à un troisième film où la beauté du cinéma était l'un des points clefs du récit, je n'arrivais plus à tenir en place. J'avais beaucoup d'attentes pour Empire of Light, et c'est peut être une des raisons pour lesquelles il m'a autant déçu.e.

Même si le film n'est fait de rien d'autre que des images à la composition couleur et au découpage toujours aussi agréables, merci à Roger Deakins le directeur de photo qui connait bien son job, en terme de cadrage et de mouvement de caméra on ne voit que des procédés très classiques bien que fonctionnels, qui ne font que contribuer a la platitude du récit. Aucune prise de risque et au final peu de confiance placée en le cinéma lui même, pas très cinématographique pour un film qui se veut aussi parler de la puissance du cinéma. Le film reste visionnable grâce a un rythme de montage pour le coup très réussi, on ne sent franchement pas les 2h passer.

Pour ce qui est de l'écriture, Sam Mendès a encore beaucoup de travail à faire. On part d'un choix d'histoire très intéressant, dans les années 80 parler à la fois de racisme et des problèmes dans la gestion des troubles mentaux, à travers deux personnages liés même si tout les opposent, c'est un super pitch. Le réel problème dans l'écriture, c'est d'abord le manque de réalisme et la tendance à la caricature. En ce qui concerne le personnage de Hilary, le seul mot qui sort au sujet de ses trouble c'est "schizophrénie", et pourtant ses crises n'ont rien à voir avec de réelles crises de schizophrénie, mais se rapprochent bien plus d'imitations grossières de crises bipolaires. On a l'impression que pour écrire ces crises, la documentation s'est faite sur Doctissimo, et Olivia Colman a beau très bien jouer, c'est dans sa direction et dans l'écriture de son personnage que réside le problème. Mais ce n'est pas que son personnage qui est animé par un problème d'écriture, c'est à vrai dire chacun d'entre eux, et même jusque dans les relations qu'ils ont tous les uns les autres. Aucun des personnages ne semble avoir de réelle profondeur, de quelconque background, ou encore de motivation. Soit ils sont gentils parce que ils sont gentils, soit ils sont méchants parce que ils sont méchants, mais au moins ils sont là et c'est déjà pas mal. Même la relation entre Stephan et Hilary semble vide, ils incarnent la belle et grande histoire d'amour du film, et pourtant les seules scènes où il s'établit un vrai rapprochement et un point d'encrage dans leur relation sont des scènes de sexe, ou de nudité (la plage), à croire qu'il n'y a rien d'autre qui constitue une romance. Les informations sur leurs vies à chacun sont toujours maladroitement amenées ou plutôt même jetées dans le récit (par exemple quand Neil vient sorti de nulle part parler à Stephen de la condition de Hilary).

Un autre reproche que je fais à l'écriture, c'est le manque de termes concrets. Quand on veut dénoncer quelque chose, il faut placer des mots. Pas une seule fois le mot racisme n'est prononcé, et même pire, cette scène où après avoir fait face à un client aussi raciste que désagréable Stephen s'en va suivi par Hilary. On s'attend à ce qu'il le dise purement et simplement, et à la place il ne fait que dire en gros "ce mec n'était pas juste un client désagréable", pourquoi parler en sous titre alors qu'on peut dire les termes ? Plus grossier encore, Alors qu'il vient de se faire fracasser par des skinheads, sur son lit d'hôpital quand Hilary vient le voir en disant "désolée je ne sais vraiment pas quoi dire", il répond simplement que "il n'y a rien à dire" ??? Moi je vois au moins un truc à dire et à dénoncer : racisme.

Le traitement de la maladie de Hilary se fait de la même façon, personne ne met clairement de mot sur ce dont elle souffre (pourtant le terme "trouble bipolaire" apparait officiellement dans les textes de théorisation psychiatrique à partir de 1980), à part comme dit plus haut le mot "schizophrène" qui vient d'un Elis frustré et bien décidé à se venger de Hilary en faisant ce qu'il estime être la ridiculiser publiquement. Mais pourtant son traitement est à base de lithium, ce qu'on donnait aux personnes atteintes de troubles bipolaires.

Bien que l'ensemble de la trame narrative soit correcte, les évènements se succèdent bien et font avancer l'histoire, c'est tout le détail qui est dépourvu de sens et ne permet pas de se plonger correctement dans le récit et de justement l'apprécier. Certaines scènes fonctionnent en revanche très bien, j'entends surtout les scènes ou Stephen se retrouve confronté aux skinheads et à d'autres personnages racistes, l'angoisse est présente.

Au final le film qui se vendait comme le troisième cette année à être "une lettre d'amour au cinéma" ne parle pas tellement de l'amour du cinéma que ça, à part la scène vers la fin où Hilary demande au projectionniste de lui faire une projection privée, les autres scènes au cinéma donnent plus l'impression que bon bah c'est juste le lieu du récit quoi.

Pour finir et pour me répéter, c'est un film que j'ai trouvé très décevant dans son ensemble en comparaison aux attentes qu'il avait placé autant avec sa bande annonce que les retours qu'on m'en avait fait, un film qui passe le temps mais qui est aussitôt vu aussitôt oublié tellement il est bourré de défauts, et qui ne fait pas ressentir des émotions aussi puissantes que celles auxquelles il avait l'air de prétendre. Un film qui se regarde et qui diverti malgré tout, mais par contre déso Sam Mendès, pour l'instant autant Empire of Light que 1917 nous montrent que tu es encore plutôt loin d'être un bon scénariste...

reallynotperfectblue
5

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Créée

le 21 mars 2023

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