Quelle déception... J’avais pourtant envie d'aimer ce film.
Je me réjouissais de voir ce duo d’acteurs talentueux (Virginie Efira et Romain Duris) dans un film qu'on nous promettait virevoltant, intense, émouvant, musical et ponctué de danse. Mais voilà… la mayonnaise ne prend pas.
La danse, parlons-en. Non seulement sa présence est quasi anecdotique, mais les chorégraphies manquent d’originalité. J’étais incapable de m'en rappeler à la fin de la projection. La faute aux chorégraphies ou à la caméra ? La question se pose quand on connait le talent et la créativité de la chorégraphe Marion Motin (voir son travail dans les clips de Stromae ”Papaoutai" ou "Quand c'est" pour ne citer que ceux-là).
Pour ce qui est du film en tant que tel, tout y est surjoué. “C’est la folie” me direz-vous, mais on frôle quand même la caricature ici (le côté théâtral du film n'aidant pas). Au-delà de la folie, les émotions, les gestes, les dialogues, tout est tellement exagéré que cela sonne creux, ou faux, au choix. Les costumes et décors grandioses n'y changent rien, bien au contraire.
L’alchimie entre Duris et Efira est pour le moins limitée, pour ne pas dire inexistante. Difficile de croire à cette histoire d'amour. L'amour n'y est pas palpable. Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, qui manquent cruellement d'authenticité, voire de personnalité (à l’exception peut-être de l’ami du couple, grâce à la justesse du jeu de Grégory Gadebois). Qui est cette femme si on lui enlève sa folie ? Que lui reste-t-il ? Au final, pas grand chose et c'est bien triste. Et le personnage du mari est tout aussi peu développé quand on gratte un peu le vernis. Virginie Efira et Romain Duris nous avaient habitués à mieux, alors comment expliquer ce fiasco ? Direction des acteurs ? Mauvais choix de casting ? Un peu des deux ? Le jeune Milo Machado Graner n’est pas mauvais mais son rôle semble avoir pour unique intérêt celui d’attendrir les spectateur·rices et faire pleurer dans les chaumières. Sans succès, et ce n’est pas faute d’avoir un coeur d’artichaut !
Finalement, "En attendant Bojangles" c'est quoi ? L’histoire de deux grands enfants irresponsables, qui croient s’aimer à la folie mais qui au fond ne se connaissent pas puisqu’ils passent leur vie à faire semblant. Puis la folie débarque, mais comme il n’y a jamais eu d’équilibre, ça ne change pas grand chose à la situation : ça empire juste exponentiellement, puis c’est la fin. Et que dire de la fin... Ni triste. Ni optimiste. Ni surprenante. Pseudo-tragique mais plate. Pathos du début à la fin. Quel est le message du film ? Je cherche encore.
Quant à la musique, je n'en ai aucun souvenir. Un comble étant donné le titre du film… Je n’irais pas jusqu’à la qualifier de “superfétatoire” mais elle n’est au fond qu’accessoire, et honnêtement interchangeable. Comme une musique d’ascenseur disséminée un peu partout pour meubler le silence et coller au titre, “histoire de”. L’élément imposé qu’il fallait placer pour cocher la case. On aurait mis “California Dreaming” à la place que cela n’aurait rien changé. Aucune cohérence, aucune cohésion, aucune harmonie entre son et image. Zéro émotion, zéro frisson. Quel dommage...
J’ai eu l’impression de voir un remake raté de "37°2 le matin" de Jean-Jacques Beineix, que j'avais d’ailleurs revu quelques jours plus tôt. On y retrouve les mêmes thèmes, et des scènes « étrangement » similaires… Une histoire d'amour entre un homme romantique et sans le sou, et une femme très belle, sensible, au caractère bien trempé, et qui sombre peu à peu dans la folie. Sauf que dans "37°2 le matin" l’alchimie entre les acteurs est grisante, les émotions authentiques, vibrantes. Le jeu est juste. Les scènes sont d’une beauté à couper le souffle, sans en faire des caisses. Les dialogues sont fabuleux. Les personnages sont multidimensionnels et attachants. La fin déchirante, douce-amère, sans pathos. Et enfin l’innoubliable bande originale de Gabriel Yared, en parfaite symbiose avec les images.
En bref : tout ce que "En attendant Bojangles" n’a pas su faire. Théâtral et bariolé en surface, mais au fond sans saveur.