Je ne savais pas exactement à quoi m'attendre en regardant ce film car il s'agit du premier Ingmar Bergman que je voyais.
Incontestablement sublime d'un point de vue esthétique, presque hypnotisant (sans quoi le film aurait probablement perdu une grande partie de son intérêt).
Je ne saurais dire si le film m’a plu ou déplu. Probablement ni l’un ni l’autre. Ceci dit, il ne m’a pas laissée indifférente. Je l’ai trouvé dérangeant, angoissant, déprimant, le son participant largement à l'atmosphère pesante. Il s'en dégage tout du long une sensation de vide oppressant et de solitude. Les rares moments d’apaisement et de douceur sont de courte durée et ont une saveur douce-amère.
Un film sur la distance émotionnelle au sein d'une "fratrie" dysfonctionnelle et disloquée (qui s'étend au-delà des liens familiaux), un film sur l’amertume, la faiblesse, la lâcheté peut-être aussi. La maladie ne jouant finalement le rôle que de catalyseur.
J'ai trouvé que le jeu des trois soeurs avait tendance à manquer de subtilité, donnant parfois une impression d’hystérie générale, sans doute voulue par Bergman mais que je trouve un peu facile et stéréotypée. J’ai cependant trouvé le jeu de Kari Sylwan (la servante) très juste, tout en nuances et touchant.
C'est un film qui dégage une impression de sécheresse, d’aridité, physique et émotionnelle. La soif ressentie par la soeur malade, les gros plans sur ses lèvres pâles et gercées. Ses cheveux sales et drus comme de la paille, et les nids d’oiseaux sur la tête de ses soeurs. Même la scène de la toilette au lit semblait manquer d'eau, comme si c'était "pour de faux". Et puis il y a la sécheresse des mots, du ton, des gestes de ces soeurs qui ne savent pas s’aimer. On en vient à attendre les moments de douceur comme on attendrait la pluie au milieu du désert. Mais bien souvent ce n’est que mirage. La soif n’est jamais étanchée. Un film rêche qui laisse la gorge sèche et le coeur comme un morceau de pain rassis.
Ce n’est pas le genre de films que je pourrais avoir envie de visionner une seconde fois mais il est malgré tout intéressant. À voir, ne serait-ce que pour se faire un avis.