Sorti en 2006 et réalisé par Régis Roinsard, En attendant Bojangles est adapté du roman éponyme et à succès d'Olivier Bourdeaut, que je n'ai d'ailleurs pas lu. Je ne pourrai donc pas comparer les deux œuvres, mais cette histoire avait tout pour me plaire. C'est en quelque sorte un conte de fée qui glisse peu à peu vers le drame à la Tim Burton. Mais voilà, sans vouloir être trop méchant, le réalisateur Régis Roinsard n'est pas Tim Burton et pour le coup il se loupe dans les grandes largeurs. Que ce soit dans le registre du conte de fée ou dans celui du drame, il n'arrive jamais à trouver le ton juste. Je serais quand même plus indulgent sur la seconde partie du film plus grave, qui est moins raté que la première partie plus légère.
Dans la première moitié du film, Régis Roinsard veut nous en mettre plein les yeux, alors il pousse les potard à fond. Résultat, c'est assez indigeste et sent bien que quelque chose ne tourne pas rond dans cette œuvre ultra romanesque qui devrait au moins nous emporter par sa fantaisie. Mais voilà, le coup de foudre entre les deux personnages et le refus des convenances de ce couple fusionnel sont totalement surjoués. Moi en tout cas, je n'y crois pas une seule seconde. Et puis arrive la naissance de l'enfant incarné par le jeune Milo Machado Graner et le film va alors se scinder en deux.
Dans la seconde moitié, après la naissance de l'enfant, le film change de ton. On glisse progressivement vers le drame et on sent que Régis Roinsard, ainsi que ses deux acteurs têtes d'affiche, sont bien plus à l'aise sur ce registre. Le réalisateur prend enfin son sujet au sérieux et on y croit. On passe du conte de fée indigeste à la descente aux enfers de cette mère que son époux vénère. Le couple s'entredéchire, puis tente de recoller les morceaux ... sans réellement y parvenir. Arrive alors la longue espagnolade (le château en Espagne) qui vient funestement conclure le film. Je m'attache enfin aux personnages et je ressens enfin des émotions, sans toutefois réussir à réellement toucher la corde sensible.
Si ce n'est pas le scénario qui est en cause, alors c'est forcément la mise en scène et le jeux des acteurs, qui ne sont jamais à la hauteur et incapables de nous amuser (dans sa première partie). C'est comme si tout ceci n'était qu'une collection de scénettes sans fil conducteur et où tous les sentiments sont forcés. Puis le film tente désespérément de nous raccrocher dans sa seconde partie, mais c'est déjà trop tard, je n'ai pas réussi à raccrocher les wagons. Romain Duris et Virginie Efira ont beau y mettre du leur et à donner tout ce qu'ils peuvent pour nous émouvoir, il n'y a pas moyen de s'enthousiasmer pour cette histoire dans laquelle le pauvre Grégory Gadebois n'a qu'un rôle secondaire et strictement décoratif.
Bref, En attendant Bojangles tombe complètement à plat dans sa première moitié de film, comme si Régis Roinsard n'avait pas su comment retranscrire à l'écran l'atmosphère du roman. Je ne critiquerai pas le film sur le fond, puisque je n'ai pas lu le roman originel, mais sur la forme ça ne va pas du tout. Si néanmoins je pouvais diviser ma note en deux, la première partie du film obtiendrait 3/10 et la deuxième 6/10, ce qui me fait au total une moyenne de 4.5/10.