Au nom du père
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le 7 mars 2020
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Je ne suis pas fan de Disney. Enfin du moins, pas aujourd'hui, et je ne le serais probablement jamais. Je n'ai jamais aimé le fait qu'ils adaptaient n'importe quel conte célèbre et brouillait le regard du public sur une culture qui leur est étrangère et on leur fait avaler une vision des choses extrêmement "gentilisé", et que leurs fans prennent cette vision du conte comme étant ultime, parfaite et véridique.
Vous savez, le même genre de fan qui demande à ce qu'on fasse des versions "logique" de films parce qu'ils ont vu un détail abracadabrantesque qu'ils ne peuvent se permettent d'accepter en dépit du fait qu'ils regardent des films avec des souris marchant sur leurs deux pieds et des personnages chantant à tout bout de champs.
Il y a quelque chose, cependant, que j'apprécie énormément dans les premiers films Disney et c'était bien évidemment l'animation. On pourra ce que l'on veut de l'histoire (comme si ce n'était que ça qui importait dans un film), mais le montage et l'animation de plusieurs de ces films étaient hors-pair. Entre les techniques révolutionnaires établies par Blanche Neige, l'univers graphique de La Belle au bois dormant, l'aspect très rococo des Aristochats, on ne peut daigner le fait que Disney savait expérimenter. Jusqu'à ce que Walt meurt, se retrouve remplacé par son frère, qui lui même sera remplacé par un gosse de riche qui n'est définitivement pas arrivé là par le mérite. Depuis les années 70, Disney à utilisé de manière récurrent les mêmes styles, les mêmes codes de dessins sans jamais réellement proposer quelque chose d'intéressant. On pourra apprécier Aladdin, La Petite Sirène ou le Roi Lion, et peut être plus anciennement Taram et les quelques autres films de l'âge sombre de la compagnie, mais il faut admettre que les ressemblance dans le trait et dans le design des personnages sont flagrantes, et ne propose pas autant d'envolées lyriques que dans les premiers long métrages de l'époque de Walt.
On me fait signe qu'on parle de Pixar ici. Ah bon? En avant est un film de Pixar?
Bon, venons-en à la critique en elle-même. Et croyez-moi j'ai pas grand chose à dire parce que... C'est le même cas que dans Coco. C'est très Disney, c'est très classique, des gens trouveront ça faussement émouvant, toujours une narration efficace et une morale qui ne prends pas trop les gosses pour des attardés (morale qui étrangement me rappelle celle de Monstre Academy. Je sais pas peut-être est-ce le côté 'ne pas pouvoir obtenir ce que l'on veut mais ça passe'). Mais à part ça, le reste, ben on se retrouve à moitié satisfait.
Pareil, l'univers proposé par le film, on a du mal à y croire tellement qu'il veut qu'à la fois on le prenne au sérieux et qu'on en rit et qui, maladroitement, de par sa présentation express et son manque de profondeur, foire lamentablement. C'est bête, parce que la thématique de la magie qui appartient à un monde ancien et la technologie représentant la modernité, on aurait pu pousser cette idée bien loin et se permettre des comparaisons intéressantes avec notre société (J'admets que la magie sert déjà suffisamment plutôt bien pour la morale, là j'ai rien à reprocher, mais un peu plus de profondeur, ça aurait été mieux).
Ce que j'apprécie énormément avec l'animation, c'est qu'elle peut se permettre des choses qu'un long-métrage filmé avec de vrais acteurs ne pourrait pas. Et je ne pas ça genre 'Ouais l'animation on peut faire apparaitre un T-Rex magicien sur un tsunami chevauchant des licornes lasers, trop bien!', non évidement. J'entends que l'animation peut aussi bien servir la narration et le montage de manière assez originales et très expressionnistes. Dans quelle autre sorte de film pourrais t-on avoir l'ombre d'un antagoniste devenir une sorte d'être malicieux métaphorique de la véritable nature du personnage? Dans quel autre sorte de film pourrait faire apparaitre des choses comme étant géantes et impressionnantes de manière lyrique et homogène sans avoir recours à la caméra, mais à la morphologie du personnage?
L'animation, c'est faire passer des idées précises par l'usage d'un univers poétique, grossier, onirique ou cauchemardesque, dans lequel les personnage dessine leurs intentions et personnalité par leurs traits fins ou exagérés.
Ou est-ce que je veux en venir? Je veux en venir que En Avant n'utilise aucun de ses avantages. AU-CUN. L'univers graphique est encore une fois basé sur les leçons enseignés à la Calarts qui participe à l’homogénéisation du dessin animé dans le paysage américain ; les personnages sont toujours tout mou, tout poli, tout parfait, tout lisse, tout gros, tout souriant, c'est la même philosophie de design que Disney et Pixar nous martèlent depuis 2012.
Et l'animation n'est jamais utilisé pour faire quelque chose d'original avec le montage ou la narration.
Elle est ici présente pour montrer des choses que l'on peut faire avec de vrais acteurs, du maquillage et une super équipe SFX. Pas de plans impossible à faire pour une caméra, pas de travelling ou de champs absolument jouissifs que seul l'animation saurait faire, etc. C'est juste... Plat. Limite j'ai l'impression qu'ils ont choisi d'en faire un film d'animation parce qu'ils se disaient "bah c'est un film de gosses, donc forcément animation". Et le plus rageant dans cette histoire, c'est que je suis sûr qu'ils doivent avoir des concept art qui sont milles fois plus intéressant à inspecter que le produit final.
Oui monsieur, parfaitement! Produit!
Donc, je profite de cette critique pour me plaindre de quelque chose qui me gonfle avec Disney (et peut être Dreamworks, quelque part) et Pixar depuis un certain temps; il suffit des films qui ne tentent rien. On se retrouve face à des films qui se ressemblent, qui veulent plaire à tout le monde, et qui ne vont jamais au bout de leur concepts, ou alors qui sont juste trop prudent dans la manœuvre, et au final on se retrouve avec des films que tout le monde aura oublié d'ici deux, trois ans. Mais ça, ça se serait arrivé si les fans de Disney n'était pas aussi excité. Mais ça c'est une autre histoire.
Bref, film sympathique, mais pas mémorable et juste "correct", qui a une morale intéressante mais qui tente pas assez. Tout comme l'industrie de l'animation américaine.
Créée
le 30 mars 2020
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