Autant-Lara n'est vraiment pas le cinéaste de la passion et de l'amoralité. Son adaptation du "Diable au corps" 10 ans plur tôt manquait déjà de réalisme et du caractère licencieux contenu dans le roman de Radiguet. Il en est de même pour cette histoire de Simenon dans laquelle un notable en vue s'éprend d'une prostituée.
Le sujet est pourtant intéressant mais Autant-Lara se contente de restituer la noire atmosphère d'un fait divers alors que l'histoire et les deux personnages principaux portent une véritable dimension sociale et psychologique. Cette lacune - je n'ose pas dire cette auto-censure- , ce demi-ton qui manque de personnalité autant que d'authenticité témoignent de la "qualité française" décriée à l'époque par Truffaut. Il est vrai qu'Autant-Lara n'est pas aidé par Jean Gabin, figé et empêtré dans un rôle dont il est incapable de restituer la passion et le désarroi, l'humanité en somme. Brigitte Bardot est sans aucun doute plus à sa place.