(...) Dans EN CHAIR ET EN OS, Almodóvar, pour une fois, fait un bond dans le passé (26 ans – 1970) et commence l’histoire à un moment politiquement important dans l’histoire de l’Espagne : la fin du règne Franquiste et la transition économique. Les années difficiles sont sur le point de prendre fin, et c’est à ce moment que Isabel (Penelope Cruz) accouche de son enfant, Victor. Un accouchement difficile et spectaculaire (cinématographiquement parlant – il se déroule dans un bus roulant en direction de l’hopital). Un bébé symbole du renouveau politique et social ; « Tout va rouler pour lui » assurent le maire et le ministre des transports.
Cette introduction est trompeuse ;
Premièrement, attention à ne pas être troublé par la présence de Penélope Cruz dans le rôle d’Isabel. Celle-ci, à l’époque n’était pas aussi célèbre qu’en 2014. La présence de l’actrice n’est pas synonyme d’importance pour le personnage qu’elle interprète.
Ensuite, contrairement à ce que laisse présager l’intro, le contexte et l’ampleur narrative sont inexistants (ou alors très métaphoriques, ce qui n’influence pas vraiment la perception du film ou des personnages). En cela, le film peut se voir comme un « Almodóvar paresseux ».
L’histoire est centrée sur un nombre précis de protagonistes, et n’examine que les interactions entre eux sans jamais vraiment sortir de cette bulle. Le scénario d’ EN CHAIR ET EN OS puise sa force dans l’empathie créée envers les personnages. Almodóvar la provoque par la densité et la variété des situations, sources de psychologie ambivalente. Les choix alors effectués causeront d’autres évènements abracadabrants, qui feront évoluer l’histoire sur de nouvelles pistes, etc.
La structure scénaristique n’hésite pas à faire appel aux coïncidences pour créer les différentes situations ; à provoquer une chance et une malchance sans doute un peu trop artificiellement.
Cela dit, Almodóvar amène un nombre de situations tellement élevé et varié qu’il est impossible de ne pas être séduit. Le charisme des personnages – Javier Bardem en tête – participe au plaisir ressenti à la vision du film. Puis une certaine sensualité émane du EN CHAIR ET EN OS, à partir du moment ou l’on comprend les motivations réelles des personnages. Remarquablement filmée, c’est elle qui sert de liant entre les différentes pistes présentées jusque là, sert d’entonnoir narratif pour conclure ce drame au résumé assez classique, mais à l’exposition tentaculaire (...)
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