A sa sortie, "Carne Trémula" avait impressionné : la force de la mise en scène d'un Almodóvar qui, après les années de jeunesse, arrivait a la maîtrise sans perdre pour autant son goût pour une certaine fantaisie, était désormais mise au service de scénarios plus "classiques", la provocation gratuite laissant place à un regard plus humain sur de vrais personnages, et non plus des caricatures agitées pour choquer le bourgeois espagnol. En 2012, malheureusement pour ce "petit film" qu'est devenu "Carne Trémula", Almodóvar a suivi cette même veine et a fait beaucoup, beaucoup mieux, ce qui fait qu'on prend le film pour ce qu'il a sans doute toujours été : une simple "distraction" pas très profonde (le message "politique" d'ouverture et de fin a réellement peu de rapport avec le film lui-même, même si on est évidemment ravis de la démocratisation espagnole) et très bien exécutée. Finalement, il se peut que la plus grande faiblesse du film, c'est qu'il regarde avant tout des hommes, alors qu'on sait désormais que Almodóvar est un génial filmeur de femmes, ici curieusement réduites à des stéréotypes pas très intéressants : la grande Angela Molina écope d'un rôle peu gratifiant de femme infidèle sur le retour, tandis que la belle Francesca Neri est absolument insipide en femme insaisissable, qu'elle échoue lamentablement à incarner… [Critique écrite en 2012]