Au centre du film, un triangle amoureux complexe entre Victor, Elena, et David, où chaque personnage, mû par ses propres failles, contribue à une histoire d’amour et de revanche. Mais au-delà de cette trame dramatique, le réalisateur fouille dans les psychologies de ses personnages, rendant les personnages aussi imparfaits qu’humains.
Ce qui fait la force du film, c’est la tension constante qui sous-tend chaque interaction. Chaque scène semble prête à basculer, et c’est précisément dans cette instabilité que réside la beauté du film.
Visuellement, En chair et en os illustre une évolution dans la filmographie d’Almodóvar. Ici, il opte pour des tons plus terreux et des décors urbains bruts, sans pour autant abandonner cette qui a fait sa renommée. Cette esthétique, qui mêle réalisme et stylisation, reflète parfaitement les contradictions des personnages.
La sensualité de la caméra d’Almodóvar se manifeste également dans la manière dont il filme les corps, notamment celui de ses personnages masculins. Les corps blessés deviennent des métaphores des âmes fracturées, rendant chaque interaction physique, qu’il s’agisse d’une étreinte ou d’une confrontation
Almodóvar ne se contente pas de raconter une histoire d’amour tragique : il interroge les notions de culpabilité, de pardon et de reconstruction et de résilience. Victor, à la fois bourreau et victime, incarne cette ambiguïté fascinante. Son désir de rédemption est à la fois noble et égoïste, une tension qui nourrit le drame.
Avec En chair et en os, Almodóvar livre un film qui ne se contente pas d’émouvoir : il remue, bouscule, et invite à la réflexion. Grâce à une écriture subtile, une mise en scène à la fois sensuelle et crue, et des performances d'acteurs magistrales, il parvient à explorer les complexités des relations humaines. Un chef-d'œuvre à la fois viscéral et poétique, qui reste longtemps dans l’esprit une fois le générique terminé.