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(je vous conseille d'avoir vu le film avant de lire cette critique ;))


En corps raconte l'histoire d'Élise, brillante danseuse étoile qui se blesse gravement à la cheville lors d'une représentation, voit ses rêves de danse s'effondrer. L'espoir renaît néanmoins lorsqu'elle rencontre une troupe de danse contemporaine.


L'histoire de base est très simple et bien amenée. Le concept de la blessure sur scène, et de la dichotomie entre danse classique et danse contemporaine, comme si elles s'opposaient, sont déjà vu et revus. Néanmoins, ce film est un véritable vent de fraîcheur dans le cinéma français actuel. Il est très énergisant et respire la jeunesse. Après des périodes de confinement et du contexte politique mondial d'en ce moment, la légèreté et la fraîcheur de ce film sont la bienvenue.


Klapisch filme les corps des danseurs de manière absolument merveilleuse. Le corps est magnifié, que ce soit dans la scène d'intro et le générique, où les corps sont exposés à des lumières très vives bleues et rouges, et où les plans se concentrent que sur une seule partie du corps dansant (le bras, le torse, la tête etc...) rendant le tout très organique; ou dans des scènes chez le kiné, où ce dernier (joué par François Civil) manipule le corps d'Élise avec un grand soin et une délicatesse, mettant ainsi en lumière le corps de l'actrice Marion Barbeau qui est absolument magnifique à voir, fin et musclé.


Les scènes de danse sont aussi très bien mise en scène. Déjà, j'ai trouvé les chorégraphies superbes, qu'elles soient de danse classique ou de danse contemporaine. Les deux sont chorégraphiées avec autant de soin. Il s'en dégage à chaque fois une grande énergie et une grande émotion. On ressent parfaitement les émotions actuels des personnages lorsqu'il danse. Lors de la première représentation de danse, on sent bien la colère et le désarroi d'Élise. Dans les scènes de répétitions de danse contemporaine, on la sent hésitante, se lâcher, kiffer. On voit ça dans son jeu ET dans la choré. La scène finale est très réussie selon moi. On voit bien les liens qui attachent toutes ces troupes de danseurs. Élise fait partie du groupe, sans pour autant être artificiellement mise en avant. Ils bougent ensemble, de manière égale, comme si ils avaient le même corps.


Le film n'est néanmoins pas exempt de défauts. Pour moi, il y a un manque important d'enjeu. Ou plutôt l'enjeu est résolu trop vite. La cheville cassée d'Élise est d'abord présentée comme quelque chose de très grave, de quasi insurmontable, elle risque l'opération, elle risque de ne plus pouvoir danser ! C'est la pire chose qui puisse arriver à une danseuse ! Mais là, ça tombe à plat très vite. Sa blessure se guérit très vite. Tous les personnages le disent: "c'est quasi miraculeux". Elle se remet très vite à danser. On la voit avoir mal 1 ou 2 fois tout au plus mais c'est tout. Bon, pourquoi pas. Dans ce cas là, on pourrait s'attendre à ce que les difficultés viennent d'ailleurs: par exemple, elle pourrait avoir peur qu'on l'oublie à cause de son absence trop prolongée du devant de la scène (car le monde de la danse est changeant: si tu es absent trop longtemps on te vire et on passe à quelqu'un d'autre de plus neuf), mais non. L'idée ne lui traverse même pas la tête. D'ailleurs tout le monde est adorable et hyper avenant avec elle. On lui propose de rejoindre une troupe, tout le monde veut qu'elle se rétablisse, c'est presque le monde des Bisounours... Un autre enjeu qui aurait été intéressant de travailler est le fait qu'elle ait du mal à passer de la danse classique à la danse contemporaine, que la transition passe mal. Alors je n'ai aucun doute sur le talent de Marion Barbeau, mais là elle n'éprouve absolument aucune difficultés de passer de l'un à l'autre. J'aurais aimé la voir galérer plus, qu'elle garde des réflexes de son ancienne vie de ballerine qu'elle va devoir déconstruire, qu'elle ait du mal à s'adapter... C'est là qu'est le plus gros problème du film: Élise ne galère jamais, tout lui ait apporté sur un plateau d'argent. Comme je l'ai déjà dit, elle peut passer d'un style de danse à un autre, malgré sa formation classique qu'elle travaille depuis littéralement 15 ans, tout le monde est sympa avec elle, tout le monde lui dit qu'elle est belle, qu'elle va réussir, 3 personnages masculins dans le film veulent entretenir une relation avec elle, elle a des amis qui la soutiennent, sa blessure n'est pas un problème si grave que ça, elle retrouve du travail direct... Vraiment elle est parfaite.
Le personnage de Muriel Robin dit une phrase qui m'a marqué: "C'est bien que tu galère un peu, t'as toujours tout eu, ça te fera du bien" (je dois sûrement me tromper de mot mais l'idée est là). J'aurais adoré voir ça à l'écran mais le film ne semble même pas prendre en compte un conseil donné par l'un de ses propres personnages. J'aurais aimé que ça soit plus difficile pour elle.


Du coup pour compenser ça, ils ont rajouter une sous-intrigue avec le père plus ou moins absent joué par Denis Podalydès. Mais ça s'intègre assez mal je trouve, on dirait une excroissance posé là pour rajouter de la matière au film.


Bref pour conclure, le film est assez faiblard dans son scénario et ses enjeux, mais est hyper rafraîchissant dans son sujet et sa mise en scène. C'est très plaisant pour les yeux et c'est au final, un final très agréable, je vous le recommande !

Créée

le 8 avr. 2022

Critique lue 112 fois

Adrii

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