En corps de Cédric Klapisch est une plongée, suivie d'une ascension, dans le monde de la danse, dans le corps, dans l’esprit, encore et encore ... et en corps.

En corps c'est l'histoire assez simple, d'une jeune fille contrainte de mettre de côté sa grande passion, pour se confronter à la vie et ses soucis, ainsi que ses rapports conflictuels avec son entourage qui juge sa passion d'un mauvais œil. Ici, cette jeune fille c'est Elise (Marion Barbeau), une danseuse blessée qui doit se réinventer à l’âge de 26 ans. Cédric Klapisch se concentre principalement sur la reconstruction physique, mentale et sentimentale de son héroïne. C'est aussi l'occasion pour lui de filmer la danse et la création de la danse contemporaine, l’énergie de la danse en elle-même, la fraîcheur des jeunes danseurs et leur relation avec la danse classique. La participation du danseur israélien Hofesh Shechter, dans son propre rôle, est vraiment un gros plus aussi.

Le film s’ouvre sur le ballet La Bayadère, à l’opéra de Paris. Cette séquence d’ouverture est magnifique, avec ses jeux de lumières bleues qui éclairent le bras de la danseuse. Et puis le film se termine sur une scène tout aussi somptueuse avec la même danseuse qui nous offre un solo final, où elle donne tout, évacue toutes ses frustrations et laisse place à l'espoir. Et entre les deux, vous avez des petits instants capturés de la vie, des petits moments tendres, drôles ou tristes qui sont la marque de fabrique de Cédric Klapisch.

Ce film m'as tellement touché, avec plein de scènes qui vont me rester longtemps en tête. Il y a François Civil qui chiale comme un gros bébé, c'est en même temps très touchant et un peu ridicule aussi (mais c'est voulu). Il y a aussi Denis Podalydès en gros plan à la fin du film lui aussi est en train de pleurer, alors que jusque là il ne montrait pas la moindre émotion.

En Corps est un bel hommage à la danse, à la création et au fait de se réinventer après un coup dur ! Cédric Klapisch nous livre un beau film qui réinvente son propre cinéma, après une décennie en dent de scie, le faisant s’élever ici à un haut niveau artistique rarement vu auparavant dans sa filmographie. Et puis, il prend vraiment le temps de filmer son actrice sous tous les angles. Il y a une véritable énergie qui s'en dégage, qui est très communicative.

Cédric Klapisch sait filmer la danse, il adore la danse et pour le coup ça se voit. Déjà, il fait le choix judicieux de prendre une vraie danseuse pour le premier rôle. Au lieu de prendre une jeune actrice en devenir, avec pour mission de lui apprendre à danser, il préfère prendre une grande danseuse, avec pour espoir qu'elle puisse jouer la comédie. Marion Barbeau est Première Danseuse à l'opéra de Paris et elle est formidable devant la caméra, d'un naturel et d'une fraicheur désarmante et bien sûr elle danse tellement bien. C'est le choix à l'opposé d'une Natalie Portman dans Black Swan. Certes le film de Darren Aronofsky est formidable et l'actrice est fabuleuse, mais c'est un peu limité niveau numéros de danses. Malgré le travail acharné qu'elle a fourni, ce n'était pas possible d'obtenir en quelques mois, le même résultats que pour le travail de toute une vie.

Avec Cédric Klapisch, on retrouve toujours ses repères. Tous ses films ont ce petit côté feel-good movie et joyeusement sympathique. C'est difficile pour moi de dire pourquoi son cinéma me touche autant, si ce n'est peut-être parce que tous ses films dégagent tellement d'humanisme et de charme. Oui c'est ça, les films de Cédric Klapisch possède cette sensibilité singulière, qu'on ne retrouve nulle part ailleurs. Cette sensibilité toute particulière, elle transpirait déjà dans les premiers films qui ont fait sa petite réputation au début des années 90 (Riens du tout, Le Péril jeune et Chacun cherche son chat), avant de connaitre le grand succès avec Un air de famille et puis plus encore avec L'Auberge Espagnole.

Et puis il y a l'innocence, la fragilité et la détermination de Marion Barbeau, superbe dans le rôle d'Elise. Cédric Klapisch introduit aussi un peu d'humour avec le personnage incarné par Muriel Robin. Elle parvient à rester touchante, bien qu'un poil caricatural. C'est néanmoins et de très loin son meilleur rôle au cinéma. Le couple Pio Marmai et Souheila Yacoub apportent une fraicheur et une légèreté qui font du bien, des petits moments de respiration très drôles et touchants à la fois. Et puis il y a François civil et Denis Podalydès qui témoignent tous les deux d'un indéniable talent.

En corps est un film à l'image de son réalisateur, plein de sensibilité et d’humanité. La danse est un sujet fabuleux pour apprendre la vie et elle est filmée ici avec beaucoup de tendresse et de générosité. Alors certes, ce n'est peut-être pas le meilleur des Klapisch, mais c'est un très bon Klapisch.

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le 3 déc. 2022

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lessthantod

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