La bande annonce de la suite pas du tout attendue de En Eaux Troubles créait une sorte d'exploit : celui de susciter un certains désir, même s'il était sans doute purement déviant, de se payer une place afin de constater par soi-même la probable ampleur du désastre. Ou se persuader que cela pouvait être sympa si l'oeuvre avait conscience de sa propre bêtise.
Et en multipliant les monstres à l'écran, on aurait pu se retrouver devant un royal rumble à la Kong : Skull Island sentant bon la confrontation au sommet.
Sauf que En Eaux Très Troubles n'arrive jamais à satisfaire les maigres attentes qu'il a su susciter.
Et si c'était couru d'avance que, comme en 2018, aucune goutte de sang n'allait être versée, le plus rageant, à la fin de la séance, c'est que le film n'arrive jamais non plus à capitaliser sur le relatif et lointain bon souvenir que son aîné avait laissé.
Même l'increvable Jason Statham ne sauvera pas l'entreprise de la noyade cette fois-ci. Il s'y emploie pourtant, à l'image, sans ménagement. Mais une écriture lamentable à six mains, une mise en scène parfois pas très lisible ou encore une gestion des péripéties laxiste, voire imbécile, auront raison de la superpuissance de l'acteur britannique.
Et comme d'habitude pour un film de monstres modernes, les gloumoutes pour lesquelles, après tout, le cochon de spectateur a payé sa place, sont reléguées au second plan, au profit d'une science totalement aux fraises, de complots de vilains capitalistes pollueurs et de relations familiales tartinouilles. Et de Kong : Skull Island, on dérive lentement pour naviguer entre du dressage de superprédateurs comme dans Jurassic World, des délires à la Les Dents de la Mer 3 et une tentative de copie archi friquée d'un film Asylum qui n'assume jamais son concept idiot. Il n'y a qu'à voir qu'on ose remplacer le T-Rex d'une scène d'intro mensongère par de vulgaires varans qui ne bouffent que les méchants. Ou encore le je m'en foutisme avec lequel on se débarrasse d'un kraken qui ne fait que jouer péniblement de ses tentacules avant de sombrer.
En Eaux Très Troubles revendique sans doute le titre de nanar réjouissant de l'été, sauf qu'il en ignore totalement la définition. Ainsi, jamais drôle, jamais sympathique, jamais spectaculaire, jamais généreux, le film de Ben Wheatley, perdu pour la cause, se contente de répondre tant aux canons de la suite en mode « plus », mais pas trop qu'au cahier des charges de la production sino américaine propre sur elle qui ne froisse personne.
On se dirait presque que En Eaux Très Troubles ne mérite tout simplement pas son Jason Statham qui kicke des requins préhistoriques en mode super héros.
Des megs affamés qui sentent le chien mouillé, voilà un comble difficilement pardonnable, si vous voulez mon avis.
Behind_the_Mask, sens critiqueur qui ne fait pas de vagues.