En fanfare : comédie dramatique d’Emmanuel Courcol – 27 novembre 2024
Alors oui, j’avoue arriver un peu tard pour parler de ce film, mais je comprends pleinement l’engouement qu’il suscite. Ce film est tout simplement parfait. Il nous fait osciller entre rires, tristesse, empathie, soulagement et fierté.Fierté, oui, car ce petit bijou est une production française. Réalisé par Emmanuel Courcol, ce film de 103 minutes, à mi-chemin entre la comédie et le drame, a su nous captiver.
Il raconte l’histoire de Thibaut Desormeaux (Benjamin Lavernhe), un chef d’orchestre renommé, qui découvre coup sur coup qu’il est atteint d’une leucémie foudroyante et qu’il a été adopté. Son seul espoir de greffe repose sur Jimmy (Pierre Lottin), son frère biologique, un modeste tromboniste dans une fanfare locale. Malgré leurs différences, la musique devient leur point de convergence, leur offrant une chance de réparer le destin.
Dès le départ, le synopsis s’annonce captivant. L’histoire commence comme un drame, mais elle se transforme rapidement en une bouffée de bonheur et d’amour. J’ai tout simplement adoré. Le film ne souffre d’aucune longueur, et ce qui est particulièrement intéressant, c’est que la leucémie de Thibaut n’est pas le sujet principal de l’histoire. Bien au contraire, cette maladie nous est présentée dans les douze premières minutes, puis mise en retrait pour laisser place à quelque chose de bien plus surprenant. Là où on s’attend à un drame centré sur la maladie et les liens fragiles entre ces deux frères retrouvés, le film nous surprend : ce n’est pas la maladie qui les rapproche, mais la musique.
La musique comme lien social
Ce film, qui pourrait au premier abord ressembler à une simple comédie feel-good (ce qu’il est aussi), révèle finalement une profondeur insoupçonnée en soulevant une problématique sociale autour des destins de ces deux frères. Thibaut et Jimmy sont tous deux des musiciens talentueux, mais leurs vies ont pris des trajectoires radicalement opposées : l’un est cantinier et tromboniste dans une petite fanfare du nord, tandis que l’autre est un chef d’orchestre mondialement reconnu.
Qu’est-ce qui a fait la différence ? Leur milieu social, leur mode de vie, l’ouverture d’esprit de leurs familles, et bien sûr, leurs moyens financiers. Le film nous montre subtilement qu’un milieu social favorisé offre (la plupart du temps) un accès plus direct à l’ambition et ouvre des portes qui restent fermées pour d’autres. Dans cette histoire, la musique classique est présentée comme un domaine élitiste et cloisonné.
Pendant une grande partie du film, cette réalité est confirmée : lorsque Jimmy tente de s’intégrer à un grand orchestre, il se heurte rapidement au rejet.Mais la fin du film ne laisse-t-elle pas entrevoir une possible ouverture de ce milieu si fermé ? C’est une question qui reste en suspens, et chacun peut imaginer la suite à sa façon.
Un film qui fait du bien
Et justement, la fin, parlons-en ! Sans trop en dévoiler, je peux dire qu’elle est magnifique. Elle nous offre un spectacle musical enchanteur et un moment d’émotion intense, tout en laissant notre imagination libre d’écrire la suite.En conclusion, En fanfare est un film qui fait du bien. Il nous fait rire, il nous fait pleurer, et il nous pousse à réfléchir sur des questions de classes sociales, sans pour autant imposer un chemin unique de compréhension. Il est à double lecture, et c’est ce qui le rend si agréable.