Il y a quelques années, j'ai découvert "Room in Rome" de Julio Medem sorti en 2010 qui narrait l'histoire simple de deux jeunes femmes qui passent la nuit dans une chambre d'hôtel.
Il s'agit du remake lesbien de ce "En la cama". Pour le visionner, j'ai cherché sur Internet et l'ai trouvé sur un site porno (je ne dirais pas lequel :) ). Alors oui, le film contient du sexe : mais moins de cinq scènes et pas énormément longues.
Je ne vais bien sur pas m'attarder la dessus, à l'instar de son remake que j'aime énormément, le film ne quitte pas la chambre d'hôtel, respectant son concept : ainsi comment les deux persos principaux se sont rencontrés, on le comprend à travers leurs dialogues : à une fête peu avant, et jouent avec le fait que leur rencontre n'a rien d'un hasard : qu'une série de faits bien établis se sont crées pour qu'ils se retrouvent là où ils sont, à faire ce qu'ils font. A moins que ce soit Daniela qui ai fait des avances à Bruno : le mystère reste.
Le film se montre parfois même méta : ainsi à un moment, ils imaginent des pitchs de films et l'un d'entre eux est exactement leur histoire ou à un peu plus tard, Bruno dit "Imagine si ça se trouve il y a une caméra dans cette chambre".
Et ils se demandent : "Qu'est ce que l'on fait ?", c'est aussi ce que le scénariste Julio Rojas s'est sans doute demandé en écrivant leur histoire. Leur histoire qui peut arriver à chacun(e) d'entre nous. Les deux persos scénarisent leurs existences, comme nous le faisons tous.
Que faire à part faire l'amour et parler ? Regarder la télé (un film porno), se faire une bataille d'oreiller mais surtout se révéler à l'autre même si cela n'aura - peut être - aucune importance.
Vers la fin, Daniela demande : "Pourquoi on se raconte des choses si on ne va pas se revoir ?", l'heure 25 d'"En la cama" est riche en réflexions existentielles de ce genre, surtout sur les relations humaines, qu'elles soient éphémères ou longues, nous rappelant aussi que d'une certaine manière nous avons besoin d'échanger avec les autres, même avec une personne à qui l'on vit un seul moment de notre existence, et aussi pour espérer un deuxième moment.
Comme entre eux, nous faisons connaissance avec eux, juste le temps de : des personnes imparfaites, des êtres humains avec des vrais sentiments : la sensibilité à fleur de peau de Daniela et Bruno se dévoile et bouleverse soudainement, posant soudain des silences éloquents aidé par la réalisation de Matias Bize, qui refuse les plans fixes et propose une caméra à l'épaule et un montage brut pour mieux saisir leurs émotions, ainsi qu'une utilisation à un moment du split-sceen. Dans un high-concept, le casting est plus important que tout : car oui Bianca Lewin est très jolie et à des formes généreuses tout comme Gonzalo Valenzuela a des allures de mannequin, ils sont aussi et fort heureusement d'excellents interprètes. Bianca Lewin rempilera avec Matias Bize dans un autre huis-clos, lui aussi, excellent : "La vie des poissons" sur un thème assez similaire mais différemment traité.
Si j'ai mis 9 et un cœur à son remake, je ne mets que 8 pour l'original car certaines situations sont clichées et certains échanges tombent à plat, ce qui est inévitable, mais ce n'est pas bien grave car "En la cama" est le genre d'œuvres qui touche et rappelle vraiment ce qu'Etre Humain et nos rapports avec les autres.