Le synopsis pourrait tout aussi bien être celui d'un drame : une femme- flic découvre, après la mort de son mari policier lui aussi, que ce dernier , loin d’être le héros dont elle raconte les exploits à son enfant, le soir pour qu'il s'endorme, était un ripoux qui a fait condamner un innocent à 8 ans de prison....Effarée et furieuse, La belle veuve, plus scrupuleuse que son défunt époux, décide de veiller sur l'innocent..Or celui-ce sort de prison bien changé, agressif, plein de rage et d'envie de revanche..Tous les ingrédients d'une possible tragédie sont réunis. Mais nous ne sommes pas dans cet univers sombre. Salvadori nous le dit d'emblée: nous sommes -comme le petit garçon-conviés à revisiter la réalité, à la voir prendre des chemins imprévisibles et cocasses, burlesques, invraisemblables, poétiques et gentiment louf-dingues ...
Le gentil mouton innocent devient enragé et mord les oreilles , casse des bras, met le feu avec une candeur ébahie et quasi enfantine que Pio Marmai rend tout à fait crédible et touchante. Il est comme le James Stewart des comédies de Capra : fauteur de trouble et de désordre mais léger et irresponsable. A ceci prés qu'il pense qu'on lui doit bien ça.
Adèle Haenel, la fliquette justicière rayonne d'une lumière incroyable, ses ruptures de tons,brutale ou mielleuse, sont savoureuses et elle est parfaite. Audrey Tautou, à qui revient le rôle délicat de la Pénelope moderne est excellente en femme inquiète , qui ne fait plus rever, mais qui assure la stabilité fragile du principal protagoniste.
De même que les récits des exploits imaginaires du papa, racontés au petit garçon, s'enrayent peu pour casser le Mythe, le rêve éveillé d'une seconde chance ou d'une réparation des torts tourne court.. Mais donnent naissance à des gags irrésistibles. Des situations ubuesques voires surréalistes, telle ces tentatives récurrentes d'un meurtrier qui a découpé sa tante en morceaux et en apporte les preuves dans des sacs en plastiques de plus en plus nombreux..mais ne parvient jamais a faire enregistrer sa déposition . !! La Comédie de L'Année dit-on sur l'affiche : Sans aucun doute. En tous états de cause une comédie, fine, rythmée, délicate et originale qui fait le plus grand bien aux zygomatiques.