Le film commence fort, très fort. D’abord, le générique de début est complètement barré. On y voit un Vincent Elbaz jouer une sorte de super flic qui dézingue des trafiquants de stupéfiants dans un appartement à travers un maelström de combats et de fusillades plus originales les unes que les autres, que ne renierait d’ailleurs pas un bon film d’action américain. Ensuite, après une cérémonie de commémoration pas comme les autres toute aussi caustique, on assiste à une descente de flics dans une réunion sado-masochiste et aux entretiens gratinés au commissariat qui s’ensuivent. Bref, en l’espace d’une vingtaine de minutes, Pierre Salvadori donne le ton d’une comédie un brin burlesque et folle qui s’annonce sous les meilleurs auspices tout en nous faisant bien marrer.
Malheureusement la machine se grippe assez vite et le côté original va laisser place à la lassitude. Durant la bonne heure qui va suivre il va nous arriver deux fois ou trois fois de rire de nouveau (le braquage complètement azimuté de la bijouterie par exemple) et de sourire parfois à une réplique bien sentie ou un comique de situation bien placé. Mais « En liberté ! » va vite tourner en rond et le temps semble bien long. On ne peut absolument pas reprocher à Salvadori d’avoir pris des risques avec cette comédie qui flirte avec le polar. Des films comme le sien, on n’en voit pas tous les jours. Mais si les intentions sont bonnes, le résultat est loin d’être toujours à la hauteur, la faute à un côté burlesque qui ne fonctionne pas toujours et à une histoire bien trop tirée par les cheveux et qui part dans tous les sens sauf le bon.
Les comédiens, surtout Adèle Haenel qui démontre ici des talents comiques insoupçonnés, ne sont pas fautifs. Ils sont même bons dans un exercice de pantomine pas évident. Mais le comportement de leurs personnages est parfois trop outré ou incohérent et on décroche vite sans se soucier de ce qui pourrait leur arriver. Quant au scénario il nous apparaît brouillon, incohérent et pas toujours clair. On a également connu Salvadori plus inspiré au niveau de la mise en scène, celle-ci étant plus proche du téléfilm que d’un film de cinéma ici. Les meilleurs moments résultent donc dans les inserts fantasmés avec Vincent Elbaz qui évoluent au fur et à mesure que la perception d’Yvonne envers son défunt mari change. « En liberté ! » est un film qui prend des risques mais qui s’avère bien trop particulier pour séduire à grande échelle mais surtout qui s’essoufle bien trop vite pour tenir sur la longueur sans ennuyer.
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