"Ohana signifie famille, famille signifie que personne ne doit être abandonné, ni oublié."

Citation de Stitch (on cite de très grands philosophes sur ce compte)

Je ne me suis jamais caché être un grand fan (limite fanatique) de Byron Howard, notamment pour son travail sur Raiponce et Zootopie, qui font tous les deux parti de mon top 10. Gardez cela à l’esprit pour la suite de la critique et surtout sur mes théories traitants de l’échec du film.
Souvenez-vous, dans ma critique pas très élogieuse sur Raya, je disais : "laisser patienter en attendant Encanto dont on ne sait pas grand-chose si ce n’est la présence de Byron Howard à la réalisation, ce qui est une raison suffisante pour espérer le meilleur."
Bon, qu’est ce qui c’est passé ? Entre ça et Raya, la décennie commence très mal pour Disney.

Encanto est sans doute le Disney le plus statique, il utilise même certains codes du huit-clos par moment. C’est pour ça qu’il y a, entre autre, une abondance de personnages entre autre, ce qui en fait sans doute le Disney avec le plus de personnages secondaires (quasiment tous présents du début à la fin) de Disney depuis...Bienvenue chez les Robinson...ça sent pas bon. C’est peut être de là que commence le problème, avec cette première chanson presque liste de course, qui n’arrive pas à faire passer son message premier (celui de montrer que Mirabel est hors de sa famille, qu’elle les idolâtre mais qu’il est pour elle impossible de les atteindre) en perdant le spectateur dans une liste insupportable de personnage. J’en pense sincèrement qu’enlever la famille de la tante (hormis le petit dernier) aurait été un vrai bol d’air frais pour la narration tant elle ne fait rien d’autre qu’empoisonner le temps d’écran des personnages importants et de leurs discussions. Oui, le film manque cruellement de dialogues entre Mirabel et sa mère, et ses sœurs mais aussi entre la grand-mère Alma, ses filles et petites filles (autres que Mirabel). A aucun moment on à ce déclic qui nous fait passé dans le deuxième arc, j’ai personnellement vécu Encanto comme une longue introduction, surtout quand on voit la fin (on y reviendra plus tard) et surtout la légèreté avec laquelle est traitée l’intrigue, déjà qu’on ne croit en aucun des personnages (même Mirabel qui reçoit le revers de la médaille, en se rabaissant constamment, on a jamais eu un véritable moment dans l’introduction pour l’apprécier) il fallait en plus qu’à aucun moment le film nous fasse ressentir le danger. Sincèrement je voulais me laisser bercer par le travail de l’équipe de Byron Howard, mais jamais on ne m’a laissé la possibilité de m’impliquer émotionnellement dans l’intrigue, voir même de simplement croire en cette intrigue.

C’est donc ça le travail de Lin Manuel Miranda ? Le nouveau prodige de la musique ? Je ne veux pas me montrer méprisant, mais est-ce que vous vous rappeler d’une seule musique d’Encanto? Je veux dire à part J’attends le Miracle et à la limite Que sais-je faire d’autre (On peut tout de même féliciter Sous les Apparences pour sa prise de risque) c’est quand même très moyen, et même ces chansons sont à des kilomètres du travail d’Alan Menken sur Raiponce et de Christophe Beck sur les 2 Reine des Neiges. Oui, je suis mauvaise langue, Lin Manuel Miranda a fourni un travail exceptionnel sur Vaïana mais ça ne fait que renforcer le manque de qualité sonore d’Encanto. Mais en vrai, le principale problème des chansons c’est qu’il y en a trop. On en avait certes également beaucoup dans la Reine des Neiges 2, mais les musiques dans celles ci servaient à accentuer l’implication émotionnelle du spectateur dans le parcoure initiatique des personnages, pas à créer des relations. Narrativement, les musiques sur Bruno, et les sœurs servent à la fois à présenter les personnages et en plus à prouver une forme de rédemption (pas celle sur Bruno). Quand on voit les musiques dans Raiponce, Vaiana et les deux Reine des Neiges, elle savait répondre à un but précis : présentation, élément perturbateur, péripétie, élément de résolution. Mais à chaque fois, ces musiques étaient centrées sur un ou deux personnages maximum (sauf la Reine des Neiges 2 mais il serait long d’expliquer en quoi il fonctionne), alors qu’ici on se perd dans tout cet arbre généalogique. Les musiques ont l’air d’avoir été rajoutées pour pallier au manque de développement des personnages, mais ce n’est largement pas suffisant pour combler les lacunes du film.

Mais ce qui m’énerve le plus avec Encanto, c’est sans doute cette impression désagréable qu’on a voulu bloquer le film pour qu’il suive le jolie plan Disney, un peu comme Raya qui avait besoin de son heure en plus pour fonctionner. Pour moi le moment qui le montre le plus c’est sans doute lorsque Mirabel dit à Bruno que si les autres le rejettent c’est car il est différent, alors que c’est complètement faux, si Bruno était détesté c’est avant tout car il montrait la vérité aux personnes qui se croit dans un paradis, un Encanto. C’est d’ailleurs cette critique du refus du réel qui régit l’œuvre de part les montagnes qui font safe-space, le fait que la supposition que la magie se meurt qui rend l’aînée moins forte où encore cette façon désagréable qu’à la grand-mère à rassurer tout le monde. C’est ces non-dits qui détruisent la sphère familiale, détruise la maison, c’est ces non-dits qui on fait sous-estimer aux peuples autochtones le danger espagnol. Alors pourquoi venir tout casser avec les thématiques sur-utilisées de la différence? Je suis convaincu que ça a été rajouté à la toute fin tant l’idée générale ressort, tant cette fin retour au statut quo échoue, tant il était prévu de détruire cette magie artificielle pour que la famille puisse enfin construire ses propres rêves.

Encanto n’est pas un échec total, mais il est pour moi la preuve incontestable que Disney s’enfonce dans une décennie artistique sombre, comme un retour à il y a 20 ans, un futur que la firme doit considérer avec gravité.