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Après un premier film prometteur réalisé dans son pays d’origine, le suédois Daniel Espinosa avait traversé l’Atlantique sans grand succès en proposant un Denzel-movie idiot et ennuyant. C’est donc...
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le 21 avr. 2015
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Difficile de ne pas admettre que le nouveau long métrage de l'excellent Daniel Espinosa (Easy Money, Sécurité Rapprochée), Enfant 44, incarnait - au bas mot - l'une de nos plus grosses attentes de ce premier semestre de la définitivement très riche année ciné 2015. Adaptation d'un best-seller riche et passionnant, prenant pour cadre la fascinante URSS post-seconde guerre mondiale frappée par la famine, le tout avec un casting défiant toute concurrence (Tom Hardy, Noomi Rapace, Gary Oldman, Paddy Considine, Vincent Cassel, Joel Kinnaman, Charles Dance et Jason Clarke, what else really ?), Child 44 en v.o, avait décemment tout en lui pour attirer le cinéphile lambda dans ses filets, surtout que son habile campagne promotionnelle - et une avant-première plus que tardive - n'avait fait qu'accentuer toutes les curiosités à son sujet.
Enfant 44 ou l'histoire, à Moscou en plein hiver de l'année 1952, de Leo Demidov, un brillant agent de la police secrète soviétique, qui est promis à un grand avenir au sein du Parti.
Lorsque le corps d’un enfant est retrouvé sur une voie ferrée, il est chargé de classer l’affaire.
Il s’agit d’un accident, Staline ayant décrété que le crime ne pouvait exister dans le parfait Etat communiste. Mais peu à peu, le doute s’installe dans l’esprit de Léo et il découvre que d’autres enfants ont été victimes « d’accidents » similaires. Tombé en disgrâce, soupçonné de trahison, Léo est contraint à l'exil avec sa femme, Raïssa. Prenant tous les risques, Léo et Raïssa vont se lancer dans la traque de ce tueur en série invisible, qui fera d'eux des ennemis du peuple...
Comme dit plus haut, si le sans concession Child 44 de Tom Rob Smith a autant marqué l'esprit de ses lecteurs, c'est pour l'infini richesse de son intrigue, la multitude de thèmes abordés mais surtout la froide mention " inspiré de faits réels " qui rendait de facto infiniment insoutenable cette mise en abime dans les tréfonds de la noirceur et de la cruauté de l'âme (in)humaine, ou la violence enfantine est étouffée. La version cinéma quand à elle, si il est indéniable qu'elle retranscrit à la perfection le contexte politique de l'époque, mais surtout la violence inouïe de l'enquête/combat de chaque instant vécu par un Léo réalisant petit à petit grâce à sa femme, l'horreur d'une nation dont il en est un des coupables involontaire, se perd un peu dans la mise en image de la puissance évocatrice de son matériau d'origine, à tel point de paraitre assez souvent confus voir même incohérent. Daniel Espinosa ne semble jamais avoir réellement assez de ses deux heures et quart de métrage pour pleinement épouser et rythmer son sujet, et sa double intrigue -criminelle et politique -, en pâtit fortement tout autant que le traitement de certains de ces personnages, proprement anecdotique comme quelques-uns des nombreux dialogues joués dans la langue de Shakespeare - et avec des accents anglo-russe pas toujours des plus inspirés.
Il n'empêche que malgré ses quelques défauts fortement dommageable vu l'attente qu'il aura su attisé auprès des cinéphiles (on était presque prêt à en faire l'un des films de l'année), Enfant 44 n'en est pas moins un bouillant polar sombre et passionnant sur cette URSS Stalinienne, totalitaire et répressive, ou l’obligation de suivre la ligne du parti est de mise et ou l'endoctrinement est à son comble. Une union soviétique qui n'avait finalement rien à envier à l'Allemagne nazie sous Hitler avec son peuple oppressé, ses tortures policières " tolérées ", ses camps de travail et son atmosphère suspicieuse ou la paranoïa était constante. Tenant en haleine de tout son long, furieusement noir, convenu et très occidental mais joliment efficace et d'une esthétique en tout point remarquable (de la sublime photographie à la belle reconstitution d'époque), le nouveau long métrage de Daniel Espinosa jouit également d'une distribution générale des plus solide, avec une mention spécial pour les performances impliqués du toujours génial Gary Oldman et du charismatique et puissant Tom Hardy.
D'ailleurs, l’alchimie que ce dernier partage avec la sublime Noomi Rapace (ravissante également en blonde) depuis le merveilleux Quand Vient la Nuit, en fond sans conteste l'un des plus beaux couples de cinéma de ses dernières années. Enfant 44 ou pas le hit attendu donc, mais néanmoins un excellent et prenant polar au casting quatre étoiles. Et comme on dit chez nous; c'est déjà pas si mal dans le fond.
Jonathan Chevrier
Créée
le 16 avr. 2015
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