Le film est déroutant avec son parti pris esthétique, très proche de celui de Fassbinder, avec des scènes très théâtrales (tournages fréquents en studio), souvent nocturnes et peu réalistes. Le portrait du cinéaste (joué par Oliver MASUCCI qui a eu le prix du meilleur acteur lors de la 71e cérémonie Deutsche Filmpreise 2021) est probablement fidèle à la réalité : Fassbinder est odieux, égocentrique (d’où le titre, en français, qualifiant l’un des membres les plus turbulents du nouveau cinéma allemand qui émergea dans les années 1960 et 1970), colérique, dépressif, addict au sexe et masochiste (d’où la fréquentation de clubs gays), cocaïnomane, voire fou [il meurt à Munich à 37 ans, après une relation sexuelle avec un client d’un bar et la prise de cocaïne, alors que son dernier film « Querelle » (1982), d’après le roman « Querelle de Brest » de Jean Genet (1910-1986), était en cours de montage]. Tant d’excès risque de lasser le spectateur. Le film a, néanmoins, le mérite de faire connaître Fassbinder et son œuvre ; parmi les 27 films, Oskar Roehler se focalise surtout sur les plus radicaux : « Whity » (1971), sur le racisme aux Etats-Unis, « Tous les autres s’appellent Ali » (1974) qui est présenté au festival de Cannes (prix FIPRESCI et prix du jury œcuménique) où joue El Hedi Ben Salem, Marocain qui fut son amant, qu’il fit tourner dans 8 films et mourra dans une prison française à 41 ans en 1976, montrant ainsi sa proximité pour les personnes émigrées, « L’Allemagne en automne » (1978) qui fait écho aux actions violentes de la Fraction Armée Rouge (R.A.F.) dite groupe Baader-Meinhof (enlèvement et mort de Hanns Martin Schleyer, président du patronat allemand, détournement d’un avion de la Lufthansa sur Mogadiscio en Somalie et suicide d’Andreas Baader en prison en septembre et octobre 1977], « L’année des treize lunes » (1978) sur une femme transgenre rejetée de tous, ainsi que les succès [Ours d’or pour « Le secret de Veronika Voss » (1982)].