J'en suis encore traumatisé. Peter Bogdanovich a fait danser et chanter Burt Reynolds dans la peau d'un millionnaire fleur bleue, en allant jusqu'à le pousser à faire des claquettes... Comment dire, c'est probablement l'une des dernières idées qui me serait passée par la tête pour cet acteur. "At Long Last Love" est une comédie musicale particulièrement assommante, réalisée dans le faste des années 1970 peu après son célèbre et merveilleux "La Barbe à papa" (Paper Moon), et autant dire que cet hommage au genre des années 1930 confine à l'incroyable ratage. Il faut une sacrée endurance en matière de musical pour encaisser cette dose létale de guimauve qui mise absolument tout sur deux relations amoureuses croisées, deux couples qui s'échangeront pour mieux se retrouver ensuite... Mais voir Reynolds aux côtés de Cybill Shepherd, Madeline Kahn et Duilio Del Prete n'est pas une sinécure. Tout cela fleure le préfabriqué à des kilomètres, la mise en scène des coups de foudre est d'une désuétude totale (on peut imaginer que c'est précisément ce qui peut en faire son charme, mais personnellement j'y suis à 100% hermétique), et pour parachever le tableau, "Enfin l'amour" est densément garni de séquences de fêtes et de badinages divers d'une nullité que seule la légèreté peut expliquer (à défaut de légitimer). Apparemment Bogdanovich avait un peu les pleins pouvoirs sur ce projet, convaincu du caractère infaillible de la réussite commerciale à venir... Mais il avait tout faux, le tournage a explosé les délais et les budgets, les critiques ont assassiné le film, et pas grand-monde n'a vu le film au final. Mis à part l'intérêt historique et encyclopédique, difficile de justifier son exhumation.