La soupe aux champignons et rien d'autre

Critique 8ème de finale de la coupe senscritique

Face à l'unique Sergent Pepper, laminage en règle, j'espère au moins que ma critique vous a un minimum plu.

Ma vengeance sera, terrible.

« Durant la première Révolution anglaise, un groupe de déserteurs est capturé par un alchimiste qui les drogue aux champignons hallucinogènes. »

Un synopsis fantasmagorique introduit notre voyage dans un trip au monocellulaire, contextualisé dans la canonnade rugissante que connut l’Angleterre au XVIIème siècle. Quand on arrive dans la bataille, le sang coagule dans les moustaches, le cheveu est crasseux et la sueur fixe la poussière à la peau. On ne comprend pas grand-chose à cette mêlasse indigeste que l’on nous jette au visage, on sent seulement que la déconfiture imminente appelle les couards à la désertion.

4 illustres inconnus repentis du rasoir partent alors arpenter les champs sans écrire une lettre. C’est la phase d’ennui, la drogue ne fait pas encore effet et le réalisateur ne fait que capter des gredins qui parlent de leur passé autour d’une soupe. Les bruitages se limitent au domaine du normal, d’un fond de gamelle en étain crissant ou d’un accouchement douloureux.

C’est triste à dire, mais il semblerait que Wheatley ait appris à tenir sa caméra pendant le tournage. La qualité du cadrage monte crescendo, de la relative catastrophe d’une caméra à l’épaule dans un champ bosselé à quelques beaux tableaux immobiles de bad trip figés dans l’instant avec toute la beauté du séisme neuronal pris en flagrant délit.

Puis survient l’arrivée de l’alchimiste, le piment qui vient relever le film, j’apprécie grâce à lui quelques passages qui caillassent les sens et quelques situations grotesques. Des chuchotements sous la colère des vents ou encore l’absurdité de l’extrême-onction d’un camé sont autant de scènes « expérience », de petits exercices de style appréciables bien qu’au demeurant faciles. Dans l’ensemble, rien de fabuleux, nous dirons que le film est sauvé par la drogue dans les pétillantes minutes de montage épileptique.

J’entends déjà crier le pisse-froid à la prétention, ou pour les plus téméraires au pâle plagiat d’Aguirre. Il y a en effet cette dimension dans A Field in England, celle d’un road-movie hallucinogène au dénouement cependant complètement différent. C’est peut-être mon esprit jeune qui me confère cette crédulité face à l’œuvre de Wheatley. Ou bien mon ébahissement devant la mysticité de cette drogue, pas du simple pétard que tu vas pécho en bas de la rue mais bien de celle dont parlent les junkies de haut vol. Je retiendrai donc ce film comme un représentant du cinéma qui se vit, qui se savoure en sa qualité d’entité marginale, sans trop se poser de question.
Deleuze
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le 28 avr. 2014

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