Critique, historien et théoricien du cinéma, Jean Mitry réalise ici son unique film. Sacré pédigrée pour un résultat aussi calamiteux. Il faut croire que ce n'est pas à la portée de tout le monde de passer de l'autre côté...Je n'ai rien contre le mélange des genres mais tout le monde n'est pas Truffaut, Godard ou Tavernier. Et je soupçonne Mitry d'avoir sorti pour l'occasion sa collection de disques de jazz: le récit en est couvert du début à la fin jusqu'à devenir assommant.
Mitry réalise un polar d'après Leo Malet et peut-être se rêve-t-il John Huston dirigeant Bogart. Pourtant, Franck Villard mène l'enquête à la façon d'un stagiaire de quatrième (le même qui a dû régler les quelques bagarres) à propos d'un vol de bijoux qui le conduira dans la seconde partie du film aux Folies-Bergères, dont les numéros, bien ringards aujourd'hui, sont plaisants pour cette raison. Et, en petit vicieux, Mitry filme même les danseuses -en maillot- sous la douche.
La réalisation est d'une maladresse et d'une paresse assez rares. A l'évidence, le réalisateur n'a pas dû recommencer beaucoup de prises. Ce qui est le plus risible, ce sont les personnages, flics ou suspects, tous rudimentaires et incohérents. Comment en serait-il autrement? La direction d'acteurs et les dialogues sont tellement approximatifs. Ça n'aide pas. Par conséquent, tous les acteurs sont mauvais (je ne compte pas parmi eux les honorables Jean Tissier et Jean Brochard auxquels on fait l'aumône d'un rôle bref et insignifiant).
Du travail d'amateur à présenter au festival des poncifs du film noir.