Ce n'est pas Kinski, c'est Kinski et Herzog. C'est-à-dire que "Ennemis intimes" n'est pas une biographie de l'acteur allemand, c'est un documentaire sur les relations qu'ont entretenu Herzog et Kinski du milieu des années 50 à la fin des années 80. Et, alors qu'un mémoire constitué d'images d'archives d'un acteur n'ayant aucun lien avec le réalisateur aurait été ennuyeux, Herzog dégage une vraie intensité, une vraie passion à travers ces quelques témoignages. Kinski, déjà, était un monstre, et dans tous les sens du terme. Personnage halluciné, lunatique, colérique et mégalo, mais acteur de génie, qui occupait tout l'espace dès qu'il apparaissait, c'était un homme complètement dingue, capable du meilleur et surtout du pire, un homme au portrait détestable et fascinant. Et sa relation avec Herzog, avec qui il tourna cinq films, l'est tout autant. D'ailleurs, Herzog le dit lui-même: "J'aurais pu brûler sa maison et lui avec, mais son berger allemand m'en a empêché." Comment ces deux-là, que seule la grandiloquence rapprochait, ont-ils pu se côtoyer tout ce temps? L'étude est profonde, et pleine d'anecdotes croustillantes. Les images sont captivantes, les interviews intéressantes, et quand bien même Kinski n'est plus là, on le sent presque, lui et son énergie dévastatrice. "J'aimerais le revoir, mais c'est sans doute parce que je le vois le en train de sourire sur des photos." conclut Herzog, qui en plus transpire la sympathie, l'humilité et la sincerité. Kinski, Mein liebster Feind. Grand documentaire.