Cela fait maintenant un peu plus d’une quinzaine d’année que je fais de la course à pieds. Quand j’ai commencé, je me suis rapidement rendu compte que dans la pratique de ce sport, si tes jambes pouvaient te porter sur 10 km, elles le pouvaient également sur des distances plus grandes. Les muscles, au final, n’y sont pas pour grand-chose. Dans la façon dont je pratique, je dirais plus que c’est une question de souffle. Le dernier trail que j’ai fais s’étalait sur 22 km (pas mal le vieux), le plus que j’ai pu faire, c’est 26 km. C’est une de mes limites. Pour aller plus loin, il me faudrait très certainement un entrainement particulier. En tout cas, sur les distances que je pratique, la maitrise du souffle m’est indispensable. Ne pas forcer dans les côtes, lâcher du lest dans les descentes et sentir qu’on a en encore sous le pied et qu’on peut un peu forcer l’allure. Tout ça, c’est une question de souffle.
Enola Holmes, c’est pareil, c’est une question de souffle. Et je dirais que cette maitrise n’est pas encore optimale. Même si j’ai trouvé ce film plus abouti que le premier, il reste à mes yeux assez fragile, mais il ne lui en faudrait pas beaucoup soit pour s’effondrer, soit pour nous couper le souffle.
Autant on ne peut pas reprocher des décors et une caméra maitrisée, autant la narration s’épuise rapidement. Ce n’est pourtant pas par manque d’inspiration mais je pense que c’est aussi une question de public. Nous avons une héroïne de 16 ans, un 4 éme mur brisé (qui bien que plaisant reste assez enfantin), des combats d’arts martiaux, des petites blagues et une histoire d’amour. On s’adresse de façon très claire à un public jeune, voire très jeune. J’ai regardé ça avec ma fille de 10 ans et sans en avoir l’air, cela s’adressait plus à elle qu’à moi. Du coup, premier défaut de parcours : la durée. C’est beaucoup trop long pour un public de cet âge-là, l’énergie ne peut pas être maintenue, ça s’essouffle rapidement et certains passages sont carrément inutiles. Ma fille soupirait allégrement passée la première heure. Le film n’aurait rien perdu s’il avait été écourté d’une bonne demi-heure. C’est d’ailleurs une des premières règles du trail, ne pas se lancer dans un parcours qui nous essoufflerait trop, on risquerait de pas le finir. Si la fraicheur et la respiration viennent d’une narration originale, les énigmes, bien que capilotractées sont aussi résolues avec une spontanéité toute juvénile. Mais, malgré tout, ça reste un peu « mouais » (j’ai pas d’autres mots).
Je ne saurais que recommander ce petit film aux plus jeunes, malgré ces défauts. C’est d’ailleurs à mes yeux assez global concernant les productions Netflix. Le scénario est là, le décor est là, l’originalité pointe le bout de son nez, mais il manque cette petite étincelle qui fait que le film ne transcende pas et passe à deux doigts de retomber comme un soufflet.
Nous n’échapperons pas à un troisième opus. Nous verrons si cette course de fond s’orientera vers plus de muscles ou plus de souffle… quitte à rendre son dernier.