La comédie est un havre pour traiter des sujets les plus badins comme les plus épineux. Si l'attendre au tournant avec un gourdin n'a parfois rien d'illégitime (vous avez vu À bras Ouverts ou Gangsterdam ?), il est parfois choquant de lui extraire un propos qu'elle n'a jamais eu. Une injustice dont Énorme fait un peu les frais, à son corps défendant. Alors oui le sujet s'y prêtait allégrement (un quadra égoïste fait un enfant dans le dos de sa compagne), mais le comique annule-t-il tout effet de dramatisation ?
À ceci, la réponse est bien NON. Sophie Letourneur et Mathias Gavarry n'essaient jamais de minimiser la gravité de l'acte entrepris par Fred (le papa manipulateur), bien au contraire. Durant ses deux tiers, le film passe en revue les travers de cet obsédé du contrôle, irresponsable et malhonnête. Mais cela, Énorme le fait sur le registre de l'humour, avec quelques percées absurdes inattendues. Aussi drôle soit-il, Jonathan Cohen (très bon) dresse surtout le portrait d'un mufle assez antipathique derrière ses grands sourires.
Face à lui, Marina Foïs est une fois de plus admirable en femme-objet malgré elle crédule et assistée. L'actrice va toute en retenue emmener le film vers un territoire plus dramatique, dans lequel le film se montre malheureusement moins assuré. Le concept est retourné pour mettre ses personnages face à un dilemme, il y a les idées (la réappropriation du corps par exemple, au cours d'une scène très réussie avec la médiatrice) mais ce virage malavisé fait retomber le long-métrage. On peut également s'étonner de la place infime accordées à de solides seconds-rôles, notamment la belle-mère peau de vache (formidable Jacqueline Kakou).
Je pense qu'une bascule plus tôt en conservant un semblant du ton caustique aurait été plus judicieux.