Quelle étrange comédie que énorme. Sa réalisatrice Sophie Letourneur détourne les codes du genre pour livrer une œuvre hybride, entre comédie crue et grinçante et immersion quasi-documentaire.
La mise en scène se démarque d’emblée des canons habituels en proposant un format 4/3, un sentiment renforcée par l’absence de musique hormis quelques passages au piano et l’appel à une distribution secondaire amateur où la plupart des professionnels (Médecins, sages-femmes, avocats et même shaman) jouent leur propre rôle.
On est très loin des standards frénétiques des comédies françaises, et ce n’est pas la dernière scène, un accouchement au réalisme cru surprenant, qui ira à l’encontre de cette impression.
Pourtant on rit. De par son sujet qui inverse la perception des genres (un homme fait un bébé dans le dos de sa femme et vit la grossesse comme s’il portait lui-même le bébé) et grâce à son couple d’acteurs Foïs / Cohen, qui a tout de l’évidence comique. On n’imaginait pas qu’il se formerait sur un projet aussi singulier et atypique, mais il fonctionne très bien, ajoutant de l’humour et du cœur à l’absurde du scénario.
D’ailleurs la polémique autour du film n’a franchement aucune raison d’être. A aucun moment il ne cautionne le choix et les actes du mari. Même s’il est poussé par des motivations humaine, il est clairement identifié comme fautif, même pénalement lorsqu’il échange avec une avocate.
Pas sujet à polémique donc, mais à revendiquer le droit des femmes à disposer de leur corps et à questionner la place du père, certainement.
Enorme est un film audacieux et osé, autant sur le fond que la forme, une comédie ovni qui brouille le(s) genre(s) et dont on sort un peu confus. Dans le bon sens, celui qui interpelle et questionne.
Finalement, lorsqu’on connait la filmographie de Marina Fois, motivée par l’engagement et la prise de risque, ce n’est pas si étonnant.