Avec Énorme, Sophie Letourneur cherche à se réapproprier la comédie de grossesse avec une inversion des rôles grinçante et un mélange de prises de vue réelles pour achever parfois l’absurde.
Frédéric ne vit que par et pour Claire dont il gère les moindres détails de vie, de ses obligations protocolaires à ses contrats et sa pilule, pendant qu'elle est entièrement et exclusivement tournée vers la musique. Ce qui semblait leur convenir est remis en question lors Frédéric veut plus, et ce plus, c’est un bébé — Claire n'en a jamais voulu. Il s’arrange pour qu'elle tombe enceinte, et va désormais vivre cette grossesse pour deux. Clair n’est plus que la « couveuse », d’abord perplexe puis de plus en plus énervée face à cette double trahison, celle de Frédéric comme celle du corps médical, qui ne se préoccupent que de l’enfant à venir.
Globalement, l’inversion des rôles, les décalages assumés, l’humour incorrect et le recours à l’absurde rythment bien le film, même si personnellement je n’accroche pas trop à Jonathan Cohen. Le format du film, l’intégration de prises de vues réelles avec du vrai personnel vient également crée la surprise et encore un décalage supplémentaire. Mais ce procédé va amoindrir la comédie dans la dernière partie. Avec un virage trop brutal de la comédie au réalisme sérieux, la fin tombe comme un cheveu sur la soupe. On aurait aimé une fin plus décalée, dans la lignée du film, quitte à déranger.