Balle perdue
Avouons-le, l’œil cinéphile plein de honte : je n'ai jamais vu le film original signé Mario Bava, Cani arrabati (aka Rabid Dogs). La déception relatée ici est donc celle d'un spectateur profane, ce...
le 7 oct. 2015
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Avouons-le, l’œil cinéphile plein de honte : je n'ai jamais vu le film original signé Mario Bava, Cani arrabati (aka Rabid Dogs). La déception relatée ici est donc celle d'un spectateur profane, ce qui malheureusement est d'autant plus fatal à Enragés...
Jetant un casting francophone sur le sol canadien, Enragés conte le baptême du feu d'un braqueur alors que l'entreprise tourne mal, forçant le groupe à prendre en otage un père et sa fille en route pour l'hôpital afin de poursuivre leur cavale. À l'intention, Enragés se veut une série B carrée et généreuse. Dans les faits, il cumule les défauts typiques du film qui veut trop en faire, comme si chaque élément était laissé en suspens au point qu'on ait l'impression d'assister aux répétitions en amont du tournage.
Si l'envie de bien faire est là, Enragés traîne comme un boulet une direction d'acteurs et des dialogues défaillants que même des comédiens chevronnés comme Lambert Wilson et Virginie Ledoyen ne peuvent sauver. Le constat est d'autant plus frappant quand le cinéaste s'attarde sur ses gangsters, le jeu caricatural du groupe étant souligné par des gestes et des regards surlignés à gros traits. Néanmoins, on aurait facilement pu faire abstraction de ces erreurs (a fortiori pour un premier long) si le rythme et le suspense relevaient le niveau.
Peine perdue, Enragés se présentant comme un film de personnages autant que comme un thriller, perspective réjouissante mais ruinée, là encore, par le jeu embarrassant de la plupart du casting. Du coup Enragés fait cumuler les regrets tant son envie d'aller droit à l'essentiel se voit tuée dans l’œuf. C'est d'autant plus dommage que le film finit par réellement fonctionner dans ses dix dernières minutes, une fois que le personnage le plus raté la met en veilleuse et que les enjeux atteignent un dénouement réjouissant. Quelques minutes plus tôt, un long mouvement de caméra centré sur les visages silencieux, perdus dans la nuit, aura posé l'ambiance que le sujet méritait. Trop tard pour réveiller l'intérêt d'un public déjà fatigué d'avoir à grappiller des miettes, et ce malgré quelques vraies fulgurances, telle cette image d'une mère et de sa fille après le passage du groupe dans un village en pleine célébration. Mais une photo chiadée ne suffit pas à noyer le poisson, et Enragés s'enlise. Restent quelques images fortes (l'arrivée sur les lieux du climax au clair de lune) dont on regrette qu'elles n'aient pas dicté leur loi à tous les axes créatifs.
Le plus gros problème d'Enragés reste donc son manque de tension, là encore victime de la caractérisation de ses protagonistes ; les dialogues vont d'ailleurs jusqu'à lancer Lambert Wilson dans un petit monologue où il explicite la morale du film, alors que la voix off qui ouvre et ferme le long-métrage aurait largement suffi. Peut-être qu'Enragés marque bien plus de points dans sa comparaison avec l'original, source d'inspiration assumée jusque dans une bande-annonce où est mis en avant le nom de Mario Bava. Reste à savoir si cela efface les défauts d'un travail jamais antipathique mais vain, loin de l'efficacité immédiate qui aurait dû être la sienne.
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Créée
le 7 oct. 2015
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