Ashes to ashes
Voilà un film qui divise, auquel vous avez mis entre 1 et 10. On ne peut pas faire plus extrême ! Rien de plus normal, il constitue une proposition de cinéma très singulière à laquelle on peut...
le 5 déc. 2015
80 j'aime
11
/!\ SPOILER
Film étrange, conseillé par quelqu’un d’étrange à destination d’une autre personne étrange.
Les tons de la bande d’annonce m’ont fait penser à la couverture de l’album Hurry Up we’re dreaming de M83. Et aussi à flume, va savoir pourquoi.
Je me suis retrouvée face à une bande sonore au début du film, qui m’a tout de suite fait penser à David Fincher (que j’apprécie beaucoup notamment pour the social network, ses bande-originales sont toujours douce, ou speed sans paroles et mises à des moments inattendus, ce que d’ailleurs les réalisateurs de bref ont utilisé eux aussi étant extrêmement fan de Fincher). Je ne vous cache pas que j’ai fait un arrêt sur images, toutes les deux secondes pour pouvoir lire tout ce qui s’affichait au début à l’écran titres, et ce changement de couleur nous donne l’impression de subir l’effet de la drogue avec le personnage. J’ai eu l’impression d’endurer un lavage de cerveau où des tas de messages subliminaux étaient incorporés dans ce rapide passage, ça commençait bien... Et tout ça en deux minutes de film. La musique m’a fait penser à une salle d’arcade. Ce besoin de mettre toutes les modalités obligatoires au début est-ce une manière de commencer les choses à l’envers ? On commence par la fin, pour finir par le début ? Ou est-ce que je vais chercher trop loin ?
Etant donné que j’ai écrit ce qui me traversait l’esprit pendant le visionnement du film, ça fait que j’ai pu répondre à mes propres questions. Le fait d’avoir trois regards : au départ dans les yeux d’Oscar, derrière Oscar, et puis ce regard omniscient de dieu au-dessus de tout, j’ai trouvé ça génial. Je me suis posée plusieurs questions à propos de ce personnage qui semble n’avoir que deux choses dans la vie : sa sœur et sa drogue. Il n’a aucun scrupule de se taper la mère de son ami, et semble inerte dans tous les flash-backs durant l’enfance. Même dans sa façon de dire « je t’aime beaucoup » à sœur. Et à la fois, je me dis que j’ai peut-être eu cette impression parce qu’on le voyait toujours de dos et qu’on n’entendait pas les pensées qu’il pouvait avoir. Le fait de ne pas choisir de voix-off après sa mort c’était étincelant, une idée brillante. Je n’ai pas tellement fait attention à la BO parce que les silences qui planaient dans les transitions au-dessus des immeubles, lors des apparitions en fondues, ou des visions floues ont suffis. Rien n’est laissé au hasard, tous les personnages ont une personnalité bien définie. Oscar entretient une relation ambiguë avec cette sœur qui semble si sage et innocente au début mais qui finit strip-teaseuse, en passant elle est aussi complètement hystérique (d’ailleurs j’ai trouvé que l’actrice était plus bien foutue que belle ce qui était assez dommage je ne sais pas si c’était l’intention du réalisateur mais en tout cas je n’ai pas été touchée par ce qu’elle dégageait d’autant plus que j’imaginais qu’il y allait avoir une évolution physique mais non… même quand elle se déshabille elle garde ses cheveux attachés de la même manière, quand elle couche aussi, c’est aussi ses cheveux qui lui donnent encore un côté enfant, puisqu’elle reste fidèle à son physique de petite fille, il ne l’a pas « glamourisé » et pourtant elle faisait quand même son effet), il admire et est sous l’influence d’Alex mais comme toutes les personnes sous influence il n’en prend évidemment pas conscience il pense faire ses propres choix alors qu’au final c’est parce que ce junkie a une emprise inconsciente à mon avis, sur lui. Et puis il y a Victor (qui est joué par Olly Alexander que j’avais déjà vu dans Skins Rise le film qui suit Cassie, il est le garçon qui la prend en photos en secret) totalement soumis à Oscar, qui est celui qui l’a vendu. Du coloc d’Alex un peu taciturne mais qui fait de sublimes maquettes, Bruno le dealeur gay malsain… Jusqu’aux strip-teaseuses du sex money power, ils ont tous un petit truc qui les caractérise. Je pense que tout le monde, enfin toutes les personnes qui le connaissaient aimaient vraiment Oscar, ses proches en tout cas ; Victor, la mère de Victor, Linda, le coloc d’Alex, Alex… Ce film aborde un sujet qui nous peut tous nous traverser la tête. Comment réagiraient-ils tous si je mourrais ? Qui n’aurait pas envie de voir comment se déroulera son enterrement, de voir qui pleurera sa mort.
Au début, Alex lui parle d’une plante, cette plante a pour effet de faire vivre des choses, pour que lorsque tu reprends tes esprits, te rends compte que rien n’était vrai. J’attendais cette fin, ce réveil du trip qui n’est jamais venu. Le réveil à la morgue aussi, était vraiment troublant, on se rend compte que c’est un rêve… parce que s’il se réveillait pour finir handicapé la suite aurait été trop lourde. Mais le moment où Alex est en train d’inscrire sur le mur «i want 2 live» reste un de meilleurs passages je trouve. Il y a une scène qui m’a marqué, celle après qu’elle ait reconnu son corps à la morgue, elle se retrouve dans un parc… ? Couchée au sol, et il y a un jeu avec le contraste entre ses vêtements clairs et son sac rouge, comme on a cette vue aérienne on a l’impression que c’est une mare de sang qui entoure sa tête, plus on s’approche… et non, on s’est fait avoir. Je ne comprends toujours pas pourquoi Oscar est inactif dans tous les souvenirs. Pourquoi il ne réagit pas face à sa sœur qui hurle dans l’ascenseur, qu’il ne réagit pas à sa sœur qui hurle dans la voiture après l’accident pourquoi au final, il donne cette impression d’avoir accepté ce que fait sa sœur. Et à la fois, pourquoi être tant jaloux de Mario s’il accepte le choix qu’elle a pris de son initiative ? C’est peut-être une question idiote. Néanmoins, il est flagrant que la relation qui frôle l’inceste entre les deux personnages principaux demeure vacillante, hésitante.
Le film dure deux heures et demi, la première heure on est dans le passé de sa vie, jusqu’au jour de sa mort, on reprend tout dans l’ordre chronologique en le suivant par l’arrière, c’est assez amusant de revivre la prise de DMT car on l’a vécu « avec lui » au départ, on a vu les formes, les couleurs, ses commentaires, ceux dans lesquels il se répétait à lui-même qu’il n’était pas un junkie. Cette première est passée très vite. Mais je ne comprenais pas pourquoi il restait une heure et demi de film, au final, il aurait pu s’arrêter là… après l’explication de son décès... La deuxième heure se passe post-mort. On comprend que maintenant on peut tout voir, tout entendre sans que personne ne le sache. Je ne sais pas si ce sont les couleurs et lumières de Tokyo qui donnent à ce milieu toxique une impression tout à fait banale et normale. Ça ne choque pas que tout le monde se déshabillent, s’embrassent, dealent… Le déclic de ce milieu malsain, a été la crise d’hystérie de Linda, hurlant sa haine pour tout son entourage. On voit Mario totalement désabusé jouant son rôle inutile. Après ça, je ne comprends toujours pas pourquoi cette demi-heure en plus… On voit un couple en plein coït. OK, si j’ai bien compris maintenant ça va virer au voyeurisme quel dommage, de finir comme ça. Couple, après couple, accouplement après accouplement, orgasme après orgasme je me suis demandée si on regardait tout ça dans une maison close mais c’est une fellation dans un ascenseur qui écarta ma théorie de la maison close. C’est là que… OH ! Mais oui le couple qu’on est censé voir avant notre réincarnation ! Juste ! Il est vraiment intelligent ce Gaspar. J’attends de voir quel couple aura cette fameuse lumière jaune. Arrivé à Linda et Alex, ça ne peut être qu’eux. C’est évident. C’est eux. « Viens en moi » et nous voilà dans son organe génital. Ensuite… Ensuite ! Un spermatozoïde… où veut-il en venir… oh non. Non, non, non, non. Il ne va pas se réincarner en son enfant. Hahahahaha. Si. C’était brillant. Parfait. J’aime l’idée de penser que cet enfant, aura un complexe d’œdipe tout à fait justifiable. A la fin de ce film, je me suis dit que je n’en apprécierai plus aucun autre tellement… il était bon. Mais vraiment bon, de toutes les manières possibles. C’était une expérience organique forte, Gaspar Noé gratte là où ça fait mal. J’avais raison. Cette envie de faire passer l’écran titre entièrement au début, c’était une manière de s’en débarrasser pour que la fin soit une naissance, et puis un noir complet.
Merveilleux film.
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Créée
le 28 juin 2015
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5 j'aime
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