Si j'ai mis 9/10 à Enter the Void, il s'agit plus précisément d'un (10-1)/10.
Vous allez me dire que cela revient à la même chose et mathématiquement, c'est vrai. Cependant il y a une nuance :


Un 9 sur 10, c'est un très bon film que je revisionnerai surement de temps en temps qui fait passer un agréable de cinéma.
Un (10-1) sur 10, C'est un chef d'oeuvre extraordinaire et inoubliable qui vous fait décoller mais qui malheureusement souffre d'un gros défaut salement pénalisant.


Et justement, Enter the Void mérite le titre d'oeuvre majeure et inoubliable car ces images, ces couleurs, cette ambiance et cette maîtrise incroyable de la caméra relève du prodige. Cette oeuvre est un véritable travail d'artiste, presque un tableau dont la contemplation magnifique nous fait planer au même niveau qu'Oscar ; On vit d'ailleurs son trip avec lui dans cette superbe scène du DMT.
Il est vrai que la façon de filmer de Noé est plutôt déroutante, cette caméra sans cesse virevoltante peut aisément donner mal au cœur aux non-initiés. Dans irréversible, il avait déjà fait la même chose (c'est en quelque sorte sa touche personnelle), Et ici, une fois encore, elle prend tout son sens puisque l'on suit l’âme d'un personnage qui sillonne le ciel de Tokyo pour veiller sur ses proches. Donc il est parfaitement cohérent qu'elle saute d'un appartement à un autre, tel un fantôme qui survole la ville.
Par ailleurs, Noé nous montre ici qu'il maîtrise aussi une utilisation plus classique de la caméra lors du passage où l'on voit défiler la vie d'Oscar. Cette fois, elle se calme et reste fixe, nous laissant le temps d'admirer ces plans magnifiques qui résument les moments les plus intenses de sa vie.


Comme toujours avec ce réalisateur, les effets spéciaux sont irréprochables : les scènes gores y sont tellement réalistes que l'on ressent totalement le choc des protagoniste (je pense ici à l'accident de voiture), les scènes de trip sont éblouissantes, et les jeux de lumières sont tellement aboutis que c'est eux qui ont rendu ce film aussi célèbre.
Et enfin, les acteurs jouent très bien leur rôle (bien qu'on ne voit que rarement leur visage) ce qui contribue à intensifier les émotions procurées par ce scénario poignant.


Pour toutes ces raisons, Enter the Void mérite le 10/10, mais voilà, Gaspar Noé ne connait pas les compromis et la modération. Lorsqu'il tient une idée géniale il en use et en abuse jusqu'a l'éxagération et malheureusement cela vient fortement entâcher cette oeuvre.
Pour ceux qui ne l'ont pas encore vu, vous n'avez peut-être pas remarqué que le film dure pas loin de 3 heures (2h 47 et des bananes). Si les 90 premières minutes relèvent du chef d'oeuvre, la suite l'est beaucoup moins (a l'exception de la toute fin) car passé ce cap, l'histoire est entièrement dévoilée et la boucle scénaristique est bouclée. Ce qui implique que les 70 dernières minutes tournent sans plus d'histoire, la caméra se promène d'un appartement à un autre pour nous montrer que la vie des différents protagonistes est devenue chiante maintenant que l'histoire est passée.
Si encore, il y restait des effets visuels éblouissants pour nous surprendre, ça ne poserait aucun problème. Après tout, la scène du DMT dure presque 10 minutes durant lesquelles il n'y a aucune histoire puisque ce ne sont que des hallucinations qui s'y succèdent. Toutefois, cette scène n'est absolument pas ennuyeuse car on est estomaqué par ces visions incroyables et splendides.
Mais sur la fin du film, il n'y a plus aucun travail particulier sur la photographie hormis les effets de fisheye et de faux plan-séquence que l'on observe déjà depuis plus d'une heure et demi, il n'y a donc plus aucune surprise ni admiration, l'ennui nous gagne alors petit à petit.
Seule la toute fin (A savoir la scène du Love Hotel et celle de la réincarnation) viennent relever le niveau grâce à de nouveaux effets et plans superbes, notamment les effets de lumière sur les corps des gens qui font l'amour qui sont époustouflants. Bien qu'ici encore, Gaspar Noé fasse dans la démesure car la scène du Love Hotel est elle aussi, trop longue à mon gout (10 à 15 minutes où l'on voit les mêmes plans de couples qui baisent en boucle)
C'est pourquoi, je ne peux me résoudre à laisser le dix sur dix et que je lui retire douloureusement 1 points.
Gaspar Noé est un surdoué du cinéma qui malheureusement ne sait pas se raisonner et dépasse parfois la limite du "trop", ce qui gâche son potentiel pourtant hors du commun.

Yoho_Batman
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films de Gaspar Noé

Créée

le 16 sept. 2015

Critique lue 279 fois

Yoho_Batman

Écrit par

Critique lue 279 fois

D'autres avis sur Enter the Void

Enter the Void
BrunePlatine
9

Ashes to ashes

Voilà un film qui divise, auquel vous avez mis entre 1 et 10. On ne peut pas faire plus extrême ! Rien de plus normal, il constitue une proposition de cinéma très singulière à laquelle on peut...

le 5 déc. 2015

81 j'aime

11

Enter the Void
Raf
3

La drogue du violeur

Voilà une dope pernicieuse mes biens chers frères ! Emballée dans son string ficelle, elle joue à la petite pétasse de club, corps fuselé, le téton qui pointe, pose lascive et outrancière, ces lèvres...

Par

le 6 janv. 2011

68 j'aime

15

Enter the Void
Noa
7

Ça aurait pu, du (?) être un chef d'oeuvre...

Enter. Noa, un an après le buzz. Bon, je suis un peu en retard, mais on va arranger ça. Je suis assise, devant la giga télé de monsieur, avec le super son qui dépote. Et c'est parti ! Pour les...

Par

le 29 mars 2011

59 j'aime

8

Du même critique

Amadeus
Yoho_Batman
10

Le film que Mozart méritait

N'importe quel réalisateur, si on lui dit :"Et si on faisait un biopic sur un grand musicien que tout le monde adore ?", Il nous aurait sortit un film où Mozart est le personnage principal, beau,...

le 8 juin 2015

4 j'aime

Batman
Yoho_Batman
10

Il y a des jours où on ne peut pas se débarrasser d'une bombe !

ça m'attriste vraiment quand je vois que ce film n'a que 5 et demi sur 10 de moyenne. Beaucoup de gens ne comprennent visiblement pas l'humour unique au monde de cette saga (la série est aussi...

le 18 mai 2015

3 j'aime

1

Lisztomania
Yoho_Batman
9

Il me FAUT cette Fusée-Piano-Orgue-Angélique qui lance des rayons Anti-Hitler-Zombie !

Je crois que je ne suis pas le seul à être furieusement Jodorowskholique ! Je viens de découvrir Ken Russell avec ce film et l'impression qui m'est resté, c'est d'avoir regardé un mix entre Le...

le 6 sept. 2015

2 j'aime