Constitué, à l'image du Coffee and Cigarettes de Jarmusch, de courtes scènes tournées chacune dans un lieu intime (intérieurs, chambres, voiture, bureau, ...), avec deux personnages, un homme et une femme, entre adultes propose une variation autour des thèmes de l'amour, du désir, de la fidélité (et, par conséquent, de l'infidélité), le tout avec une réflexion pertinente sur la vérité des faits et le mensonge du jeu et du verbe au moyen d'acteurs professionnels issus du théâtre, saisissants de naturalité, admirablement bien dirigés.
Film remarquable, audacieux, étonnant, troublant, exerçant une grande fascination (si l'on est capable d'éprouver quelque chose, de s'abandonner à la sensation libre, et pas seulement se rincer l’œil avec de grands effets visuels) du non moins excellent (quoique pas assez apprécié par le grand public) Stéphane Brizé qui parvient, à l'inverse de nombre de ses personnages clos dans une relation invariable qui s'enlise, à se renouveler constamment autant formellement que thématiquement (voir une vie ou quelques heures de printemps), entre adultes est un film qui compte mais hélas complètement sous-évalué. Certes, il a été tourné avec un budget ridicule et des moyens très limités, sans acteurs connus ni mise en scène recherchée, mais il se révèle d'une très grande justesse de ton, d'une intelligente complexité émotionnelle, d'une sensualité à la fois pudique et voluptueuse et d'un art du dialogue proche des meilleurs Rohmer (d'ailleurs on n'aurait pas manqué de s'agenouiller devant ce film si ce dernier en avait été le réalisateur).
Un film maîtrisé donc, d'une grande force émotionnelle, plein de nuances, qui sait nous tromper et nous surprendre, sans prétention ni fausse humilité, au regard franc dirigé droit dans les yeux pour mieux sonder les recoins secrets de l'âme humaine.