"Entre Deux Rives" est l'un de ces films paradoxaux, qui, tout en flirtant régulièrement avec le ridicule - la faute en revenant d'ailleurs principalement aux insipides Keanu Reeves et Sandra Bullock, qui ont bien du mal à nous faire vibrer (il suffit de faire jouer Reeves face à l'impressionnant Christopher Plummer pour constater la différence de calibre !) -, se révèle finalement assez passionnant, en tous cas pour les amateurs de paradoxes temporels (c'est mon cas !). On oubliera donc vite la pâle bluette sentimentale (citer Dostoïevski et Jane Austen est sympathique dans un film populaire américain, mais me paraît aussi bien risqué de la part des scénaristes...) pour se régaler du piège joliment tendu par une boucle temporelle et narrative plutôt bien ficelée. En tout cas jusqu'au retournement / happy end final, d'autant plus ridicule qu'il met à bas d'un seul coup la séduisante construction théorique qui avait fait notre plaisir jusque là. [Critique écrite en 2006]