Avec une lenteur générale, le polar de Giordano Gederlini navigue entre percées émotionnelles et rares scènes d'action, toutes efficaces, rapides et bien menées et se rapproche de son confrère belge, Fabrice du Welz et de son Message from the King. Antonio de la Torre tout autant taiseux et impassible que Chadewick Boseman en justicier solitaire pour le plaisir d'un jeu d'acteur toujours a sa place.

On pense d'ailleurs à certains de ses autres rôles (la colère d'un homme patient et que Dios nos perdone) et malgré la véritable difficulté rencontrée à parler français, l'acteur est crédible. Evidemment dès les premières minutes si elles nous plongent sans attendre dans un corps à corps violent, on saura rapidement que Léo n'est peut-être pas le conducteur de métro qu'il prétend être, en vérifiant rapidement ses multiples capacités guerrières.

Vengeance, culpabilité et quête de rédemption, pour filmer l'envers du décor de la ville de Bruxelles, tout comme de Welz et son Los Angeles nocturne, jouant de teintes et d'une belle photographie, aux jeux de caméra immersifs et au flouté de l'intrigue.

Alors que cette belle ambiance désespérée en fait tout son attrait, le réalisateur la parasite par des sous intrigues qui vont saper le rythme d'un film déjà court. C'est bien le cheminement de cet homme mystérieux, qui nous intéresse, son histoire, son déracinement, sa solitude et cette désespérance de tout ce qui a été perdu pour une vengeance que l'on attend plus fine et d'une résolution dans la même veine dépressive.

Des gangsters insuffisamment caractérisés, en passant par la désinvolture de la Juge (Sandra Zidani) qui donnera finalement les informations sur Léo à la police qui n'aura eu de cesse de les demander, pour un décalage qui fait tâche.

Un miroir un peu balourd que le cinéaste nous sert avec celle d'un commissaire pour sa fille en lutte contre l'autorité, nous fait perdre en intensité et cumule finalement les personnages cousus de fil blanc.

Avec ses expressions à l'identique, Marine Vacht aura du mal à faire croire à son rôle de femme flic, battante et amoureuse, brimée elle aussi par un père protecteur. Olivier Gourmet quant à lui, reste dans le type de personnage bourru qu'on lui connaît.

Gederlini joue de son suspense sans trop user des flashbacks suffisamment brefs pour intriguer, à l'image de la scène introductive sans que l'on saisisse le lien avant la seconde partie, mais il rate le coche lorsqu'il s'agit de démontrer un père peu commode dans sa relation avec son fils plus jeune, pour en accentuer les regrets qui le minent.

Dommage que Gederlini n'ait pas suffisamment cru à sa propre revisite, qui trouve certainement ses limites dans le melting-pot de la production et des codes US du vigilante movie. Reste le plaisir d'un Gourmet, qui nous gratifiera -une fois n'est pas coutume- d'une scène de bagarre qui fait bien plaisir tant elle étonne pour cet acteur.

limma
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le 31 oct. 2022

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