Ce qui fait un écrivain ressemble beaucoup à ce qui fait un être humain, en fait : cette faculté à se connecter au monde qui l'entoure. Plus le talent d'en rendre compte, bien entendu. C'est sur cette étrange alchimie que ce film se penche, en retraçant l'histoire d'une jeune bonne plutôt effacée qui cache des ressources surprenantes, puisqu'elle a une liaison passionnée avec un fils de bonne famille et emmagasine les impressions tenaces pour ensuite en tirer des livres. Le feu sous la cendre. Autour d'elle, figure solaire qui se cache le plus souvent derrière une apparence falote, de grands comédiens gravitent en douceur : Olivia Coleman ou Colin Firth, dans des compositions tout en discrétion, qui ne dévoilent leur intensité que par éclats fugitifs. C'est le principe de cette ode à la subtilité. Voire à la poésie du quotidien. Une histoire qui semble affirmer qu'en fait, nous n'avons que ça : le minuscule, l'invisible, le ténu. Quand le reste advient, le gigantesque, la catastrophe, il met les êtres humains à terre, parfois pour toujours, comme ces parents à qui la guerre a ravi leurs enfants. Il se pourrait que nous ayons tout intérêt à savoir nous réfugier dans les petites choses de rien du tout. En tout cas, ce film semble dire que c'est la seule voie possible pour trouver une forme de bonheur à la fois fragile et inaliénable, et je ne suis pas loin de lui trouver raison.