Entrez dans la mort
Dans les abattoirs industriels normands et bretons filmés par Manuela Frésil, tout est à la chaîne : on tue à la chaîne, on dépèce à la chaîne, on coupe à la chaîne, on désosse à la chaîne, et on...
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le 28 mai 2013
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Fascinant. D'une actualité persistante, sachant les scandales à répétition sur la production de viande mais aussi concernant les travailleurs et travailleuses des abattoirs. Je pense aux salariés de GAD en Bretagne qui se sont retrouvés à se battre les uns contre les autres, avant que les uns comme les autres finissent par trouver le chemin du chômage dans une région où trouver un emploi en usine est assez difficile.
Ce qui est frappant, c'est que les travailleurs ne regardent plus ce qu'ils font. Et en même temps, pourquoi le ferait-il puisque ce travail ne les concerne que peu et qu'ils n'ont aucun contrôle. Ils ne contrôlent rien. Ni temps, ni tâches, ni organisation, ni volume de production, ni qualité, ni pause, ni temps de travail, ni... Tout ce qu'il y a de concret quoi.
Et malgré ces incapacités à contrôler, t'as toujours un gauchiste vegan qui te susurre dans les esgourdes : "productivisme bouuuuuh".
La réalisatrice est brillante. Je crois n'avoir jamais utilisé de superlatifs pour qualifier une réalisation en 600 critiques et c'est maintenant que je le dis. Elle a trouvé des astuces pour faire respirer cet endroit clos et des astuces immersives, c'est vraiment bluffant. Au-delà des voix off qui rendent justice aux ouvriers, on assiste à un décorum qui confine à l'abstraction, noyé dans les carcasses. Et on finit par comprendre qu'on peut s'adapter à ce milieu, que ce qui nous paraissait rebutant devient possible.
Créée
le 1 mai 2017
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