Avec "Entretien avec un vampire", le film de vampire va soudain trouver un second souffle après avoir été confiné durant des décennies dans une mythologie faite de crucifix, pieux, ail et autres quincailleries indispensable pour partir à la chasse aux mort-vivants. "Le bal des vampires" de Polanski en 1967 avait fini d'enterrer le genre dans sa géniale parodie. Depuis, aucun autre film du genre ne marquera les esprits. John Badham en 1979, Klaus Kinski la même année et Francis Ford Coppola en 1992, vont tous échouer à essayer de relancer le mythe en faisant des remakes du film original de Murnau. L'idée était pourtant simple, il suffisait de donner le rôle principale aux vampires et de voir la société à travers leurs yeux. Soudain le scripte va approfondir à loisir le caractère de ces êtres mystérieux. On y découvre alors des vampires nostalgiques, romantiques qui ont un code moral et dont l'existence est tourmentée entre les valeurs de leur ancienne vie de mortel et les besoins de vie d'immortel. Cette renaissance va engendrer une nouvelle vague de films ("Blade", "Twilight") et surtout de série télévisés ("Buffy et le vampires", "Vampire Diary"), dont le romantisme gothique sera le fond de commerce. Dans son rôle de vampire ayant des remords, Brad Pitt semble d'ailleurs être l'étincelle qui va engendrer cette tendance future.
Neil Jordan, ressuscité des oubliettes avec "The crying game" signe ici ce flamboyant film dans des décors somptueux de Dante Ferretti et un casting presque trop beau, dont la révélation va être la encore toute jeune Kristen Dunst. Même si le réalisateur n'a pas réussit ici à s'affranchir du style un peu trop classique de la machine hollywoodienne, il signe un film marquant pour son époque.