C'est le genre de film auquel je donne une deuxième chance, parce que je suis consciente que le film n'est pas nul et qu'il est sûrement intéressant. Je me suis endormie la première fois, et rebelote la deuxième fois, à peu près au même endroit. Pas la peine d'insister, nous ne sommes pas faits l'un pour l'autre, c'est tout.
Commençons par le positif : la photo est belle et les paysages sont évidemment magnifiques, sauvages et mystiques à souhait. On comprend sans mal que la beauté austère de l'île, le vent permanent, la solitude et la routine puissent finir par influer sur le moral et la santé mentale (?) de l'héroïne. A priori, ce film aurait dû me plaire.
Si j'ai lâché l'affaire, c'est sans doute parce que toutes ces visions qui assaillent l'héroïne, on ne sait jamais si ce sont des souvenirs, des fantasmes ou des manifestations occultes. Sûrement tout ça à la fois. Parce que, l'île a beau être déserte, il y a beaucoup de monde dans la tête de la dame : des mineurs, des marins, des danseuses folkloriques, un prêtre qui chante, des jeunes filles qui chantent en gaëlique... En dehors des mystérieuses fleurs qu'elle va observer chaque jour selon un rituel étrange et immuable, le lichen semble avoir une signification très importante, vu le nombre impressionnant de gros plans dont il bénéficie. De même, le réalisateur filme énormément en gros plan les pieds de la femme, en chaussettes ou en chaussures de randonnée. Pourquoi ? Mystère ! Je comprends les gros plans d'objets du quotidien, comme la radio, qui peuvent évoquer la perturbation mentale ou la paranoïa, mais les pieds, je ne vois pas trop... Je n'ai pas peur des films avares en explication (j'adore David Lynch). Mais Jenkin nous laisse vraiment en rase campagne, devant un enchaînement de gros plans muets énigmatiques. Et 1h30, ça paraît long dans ces conditions.
A travers ses images de nature battue par les vents, les gestes répétitifs de son héroïne, et ses innombrables gros plans mystérieux, le réalisateur devait sûrement chercher à créer un envoûtement chez le spectateur. Moi, c'est la torpeur qui m'a peu à peu envahie, jusqu'à l'endormissement.