Première claque de cette année 2024 avec EO de Jerzy Skolimowski. C'est au passage une découverte du cinéaste polonais en ce qui me concerne qui s'inspire ici de Au hasard Balthazar de Robert Bresson.
Le film est assez déconcertant puisqu'il nous plonge dans les aventures de l'âne EO qui va rencontrer différentes personnes, bonnes ou mauvaises, mais sans jamais perdre de son innocence.
Au-delà du scénario dont je m'épancherai un petit peu plus par la suite, il y a tout un aspect formel qui est particulier et parfois décontenançant également. Des plans de drônes ou encore un filtre rouge qui recouvrent certains passages.
Mais revenons au scénario où l'âne ne perd jamais son innocence. D'une certaine manière, c'est tout un monde qui s'oppose à celui des hommes. Car l'humanité est montrée sous une forme bien malheureuse. Celle d'humains qui semblent complètement déconnectés de la réalité de cette nature (cette séquence finale notamment où personne ne prend attention à l'âne au milieu de toutes ces vaches). Il y a bien la superficialité du monde humain qui est montrée mais chaque séquence permet certainement de prendre en considération des éléments : ce match de football où l'âne est adoré comme un culte par des supporters et détestés de l'équipe adverse. J'ai lu notamment que sur une séquence, Skolimowski critiquait le milieu du cinéma.
Il y a aussi les canons de beauté qui y sont évoqués, la beauté comme critère où le cheval peut servir de modèle photo avec une mannequin quand l'âne est relégué à des tâches bien secondaires. Chaque séquence est un pan sur des dérives de l'humanité sans que je n'ai pourtant trouvé une forme de moralisation dérangeante.
Hormis la séquence avec Isabelle Huppert, que je trouve passable, ce film est de haute volée.