« Sois mon Hippolyte, je serai ta Phèdre. »

« Des goûts et des couleurs on ne dispute point », certains aimeront Éperdument, certains seront mitigés et d'autres déçus, mais le cinéma, l'art c'est cela aussi, pouvoir aimer et ne pas aimer, pouvoir juger avec ses yeux, pouvoir décrire avec ses mots et critiquer avec son coeur. Tout cela est un peu niais, sans doute, mais il est bon de le rappeler. Pour ma part, j'ai aimé Éperdument, je l'ai apprécié, je ne l'ai pas noyé sous de nombreuses attentes, je l'ai simplement pris comme il venait. Mon attachement pour les deux acteurs principaux est sans aucun doute un élément influençant sur mon ressenti, mais peu importe la raison, j'ai aimé cet amour entre les quatre murs d'une prison. Pierre Godeau nous conte l'histoire moderne d'une Phèdre et d'un Hippolyte, des personnages doux, enivrants et emplis de passion. Il nous tient entre désir et destruction, des sensations profondément éloignées et proches à la fois tout comme le sont Anna et Jean. Il est touchant de voir la peur naître dans les yeux d'Anna, la peur du procès, de la peine qu'elle encoure, mais la peur aussi d'aimer, d'aimer l'oiseau libre, l'électron volatil, l'interdit. Il est sa force, sa faiblesse, sa bouffée d'air pur, et sa présence renforce l'idée qu'elle aussi finalement, peut espérer effleurer le bonheur. Guillaume Gallienne lui, nous donne un directeur de prison touché, blessé, passionné, fou d'amour à en oublier sa vie d'avant, sa vie de famille rangée, quotidienne, répétitive, fou de passion à laisser les règles et les lois de côté, braver l'interdit et vivre, oui surtout, vivre cette passion destructrice qui les hante et les heurte tout les deux. Ce huit-clos passionnel qui lie les coeurs des amants perdus entre en flot de sentiments et le désir d'être ensembles, est à mes yeux un bon film, doux et puissant à la fois. Le récit enivrant porté par le duo Exarchopolous/Gallienne qui fonctionne très bien à l'écran et la patte tendre de Godeau nous plonge au centre d'une passion déchirante, entre belles déclarations et érotisme, entre scènes de nus passionnelles et douceur amoureuse. Éperdument est le témoin de l'amour de deux êtres profondément différents mais si proches, il saura se faire apprécier mais pourra ne pas l'être. L'être humain est à cela intéressant, être capable de ne pas aimer ce que son voisin lui, va adorer. A vous de juger par vous même.

LorèneLenoir_de_Valt
9

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 2 mars 2016

Critique lue 1.3K fois

13 j'aime

Critique lue 1.3K fois

13

D'autres avis sur Éperdument

Éperdument
B_Jérémy
7

Le gang des barbares au royaume de Phèdre

On ne décide pas de tomber amoureux, on décide de le rester. Le fameux combat entre la raison et le coeur. Par exemple, Phèdre aime quelqu'un qu'elle n'a pas le droit d'aimer. Est-ce que cela...

le 1 août 2020

29 j'aime

7

Éperdument
AndyDD
7

(É)perdus

Cet après-midi, j'ai séché la moitié d'un cours de dramaturgie au conservatoire. Je déteste ça, sécher. J'ai toujours eu une conscience de la taille de Fleury-Mérogis. Je n'ai jamais eu d'heure de...

le 9 mars 2016

21 j'aime

8

Éperdument
LorèneLenoir_de_Valt
9

« Sois mon Hippolyte, je serai ta Phèdre. »

« Des goûts et des couleurs on ne dispute point », certains aimeront Éperdument, certains seront mitigés et d'autres déçus, mais le cinéma, l'art c'est cela aussi, pouvoir aimer et ne pas aimer,...

le 2 mars 2016

13 j'aime

Du même critique

Mia Madre
LorèneLenoir_de_Valt
8

Douceur, drame & longeur.

Le dernier film de Nanni Moretti met en scène un drame personnel au travers de l’histoire d’une réalisatrice (jouée par Margherita Buy), qui court entre les plateaux de tournage et les couloirs de...

le 28 janv. 2016

2 j'aime