Après avoir mis la mondialisation sur le grill avec son précédent documentaire Le Cauchemar de Darwin, Hubert Sauper pose sa caméra sur une autre zone cruciale, en plein centre du continent américain et pourtant à sa périphérie : Cuba. Riche d'une Histoire passionnante, ponctuée de soulèvements révolutionnaires et de crises internationales, l'état insulaire occupe une place à part, indéniablement. Il ressemble à la fois à un vestige du passé qui s'accroche malgré le temps et les tempêtes, et à un paradis perdu. À en juger par les témoignages livrés (principalement par des enfants), cela pourrait tenir à une conscience aigüe de l'identité et de les racines cubaines. Il y a de quoi être admiratif en voyant des êtres haut comme trois pommes afficher un œil circonspect pour le luxe ou le superficiel et déceler la propagande derrière les mises en scène concoctées par leur voisin yankee. Et c'est derrière cette partie que se cache la belle trouvaille de Sauper, dans ce rapport d'amour et de scepticisme pour le cinéma, pour l'image en mouvement. C'est parce que ces jeunes (mais brillants) esprits connaissent le pouvoir du medium qu'ils l'aiment. Une bonne partie du métrage reconstitue l'histoire de la guerre hispano-américaine en déconstruisant d'abord les images fictives d'une attaque décisive ou d'un assaut mené par Theodore Roosevelt. Malgré ce revers peu reluisant (qu'on peut également retrouver dans le culte autour de la mort de Fidel Castro), le 7ème Art demeure un rêve à portée de main, un champ des possibles qui s'étend à perte de vue pour toutes les générations. Une note d'espoir plus qu'élégante, c'est certain. Mais il s'agit d'un fil conducteur qui fait des allers et venues au gré d'une construction narrative chaotique, entre la partie historique finalement minimale, les pastilles consacrées à un touriste allemand ou à une jeune maman cubaine. On peut également tiquer sur la partialité de l'ensemble (on évoque à peine les dérives du Castrisme). Cela dit, difficile de rester indifférent à un tel dépaysement, à la beauté de l'île et à la vivacité de ses héritiers.

ConFuCkamuS
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le 19 août 2020

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