Il y a un type de film que j'apprécie particulièrement dans le cinéma d'action, ce sont les vigilant movie. C'est presque devenu un passage obligé pour les acteurs à gueules ou charismatiques et chacun a son vigilant movie attitré (voir plusieurs). Quant aux actrices, les vigilant movie sont plus rares et elles se distinguent plus dans les films d'action bien couillus. De nos jours, le genre est certes ringardisé mais il y a toujours quelques vigilant movie qui se sont fait une place (Jack Reacher , John Wick et Taken), même s'ils sont devenus moins bons au fil des suites. Denzel Washington n'avait pas son vigilant movie malgré plusieurs films d'action à son actifs. Avec le réalisateur Antoine Fuqua, il a lancé l'adaptation cinématographique d'une vieille série des années 80, The Equalizer. Je n'ai jamais vu la série qui a duré 4 saisons portée par Edward Woodward ((qui est connu grâce au film culte The Wicker Man , la version de Robin Hardy, pas le nanar avec Nicolas Cage et que la nouvelle génération le connaît pour son rôle du vieux Weaver dans Hot Fuzz). Son adaptation s'éloigne beaucoup de la série afin d'en faire un film à l'image de Denzel Washington malgré la base commune.
Antoine Fuqua vigilant
Antoine Fuqua fait parti de mes réalisateurs préférés, malgré le fait que je le trouve inconstant (capable du très bon comme le récent remake des 7 Mercenaires, comme du très mauvais comme Shooter et sa version du Roi Arthur). Ici, il nous livre un vigilant movie correcte avec des scènes vraiment efficaces. Même mieux, il instille à son film une identité qui fait de T**he Equalizer** un film unique en son genre. On sent bien que le réalisateur a voulu faire un film qui soit vraiment unique comme la plupart des vigilants movie actuels. Les scènes d'actions ne sont pas si nombreuses qui ça ni inventives mais vraiment impressionnantes, misant sur les effets de mise en scènes avec parcimonie, un peu à l'image du premier Taken. Bref, contrairement à Jack Reacher ou John Wick qui privilégient, les scènes d'actions assez nombreuses et longues, ici elles sont peu nombreuses et généralement courtes. Seul le climax final est impressionnant en terme d'efficacité. On pourrait reprocher le film de ne rien proposé de neuf en terme d'action. Par contre, il se distingue sur la personnalité du personnage.
Robert Mc Call, le bon collègue.
Le héro est Robert Mc Call (Denzel Washington) qui est un employé d'un magasin d'outillage en apparence sans histoire. Le personnage est à la limite du Gary Stu certes mais son coté mystérieux compense cette caractéristique. De plus, il n'est pas sans faiblesse apparente et c'est un héro qu'on a envie de suivre. Il est sympathique mais aussi dangereux et prévoyant. C'est un personnage aussi calculateur que les adversaires qu'il croise. Il a ce coté moralisateur mais pas trop prononcé (ce n'est que dans le 2 où ce trait de caractère sera plus mis en avant). Bref, c'est un héro qu'il ne faut pas emmerder mais qui ne va pas devenir la terreur qu'il était des années auparavant.
Nikolaï Itchenko (Marton Csokas alias Celeborn dans le Seigneur des Anneaux) est le parfait antagoniste du film. Il est aussi impressionnant et calculateur que Robert et est le seul à ne pas le sous-estimé. Bref, dans les faits, il a plus l'archétype du mafieux russe que le cliché du mafieux russe car dans son écriture il est écrit à l'image de Robert. C'est aussi l'homme de confiance de Vladimir Pushkin (Vladimir Kulish) et la véritable menace du film, malgré le fait qu'il n'apparaît pas avant une bonne heure.
Alina (Chloë Morentz) est la jeune adolescente que Robert veut aider. Elle ne veut pas trop impliquer Robert car elle est consciente des conséquences que cela implique. C'est vrai que voir Chloë Morentz dans un rôle de fille un peu rebelle change un peu de ses rôles de l'époque comme dans Kick Ass ou Dark Shadows mais bon. D'ailleurs la relation qu'elle nous avec Robert est la même que nouaient les personnages de Denzel Washington et Mila Kunis dans le Livre d'Eli
Ralphie (Johnny Skourtis) est collègue et ami de Robert dans le Home Mart qui veut devenir chef de la sécurité. Cependant, ce sera difficile dans la mesure où il doit travailler dur pour avoir le travail et il possède aussi une vie de famille très dure à cause des gangs.
L'inspecteur Frank Masters (David Harbour de la série Strangers Things) est un flic véreux qui travail avec le gang qui est en lien avec Itchenko. Il n'est pas particulièrement développé mais il aura une bonne petite séquence dans laquelle Robert va vraiment lui rappeler ce qu'est un bon flic
Les autres personnages sont composés par les anciens alliés de Robert, Susan Plummer (Melissa Leo) et son mari Brian (le trop rare Bill Pullman) et d'une autre prostituée ami d'Alina Mandy (Haley Bennet récemment vu dans Hardcore Henry et le remake des 7 Mercenaires). Ils sont des personnages très secondaires mais bien fonctionnels. Susan et Brian sont vraiment bien afin de souligner le passé de Robert.
Ne le pousser pas à devenir l'homme qu'il était
L'histoire se déroule en 2 temps. Le premier nous permet de nous familiariser avec Robert et sa vie tranquille d'employer jusqu'à sa rencontre avec Alina et comment il va faire justice lui-même contre ceux qui l'ont détruit sa vie. Le deuxième est la confrontation entre Robert et Nikolaï Itchenko. Il n'est certes pas rare de voir une coupure aussi nette mais les deux temps sont quand même bien écrits. Cela nous permet de bien nous familiariser avec le personnage et de voir les conséquences de ses actes. Le film distille aussi un aspect social léger mais quand même intéressants avec des personnes qui veulent changer mais ne peuvent pas à cause d'autres qui profitent d'eux sous le regard de Robert. Et c'est ce qui fait que le personnage central est un observateur qui agit et à le pouvoir de faire changer les choses. Cela dit malgré son coté prévoyant, il ne peut pas tout prévoir et se voit contraint de devenir l'homme qui se refusait de devenir. Et dès que le film nous le fait comprendre, il nous indique que ce n'est qu'une question de temps que tous les antagonistes se fassent éliminer un à un. Du coup, on a un film vraiment sympathique qui appuie suffisamment sur le contexte social à travers les yeux de Roberts afin qu'il ne ressemble pas à tous les autres vigilant movie. Il y a non seulement une bonne inspiration de Jack Reacher, mais aussi du Justicier dans la Ville et de McGyver, rendant le film très cool.
Bon vigilant movie
Equalizer est un vigilant movie classique mais qui parvient à se singulariser des autres avec un contexte social prononcé et que bien qu'il se focalise sur le personnage de Robert McCall, le coté social à travers lui fait que le film est vraiment intéressant. Le coté mystérieux du personnage nous donne envie dans savoir plus et que malgré tout, il n'est pas aussi Gary Stu que le film le décrit. Il est l'Equalizer. Cette année, un deuxième volet est sorti qui est sensé levé le voile un peu sur le personnage et son passé. Bonne suite ou semi-remake ? A suivre !