Attention, cette critique contient quelques spoilers.
Beaucoup de spectateurs ont comparé Equals avec THX 1138 de Georges Lucas. Ne l’ayant pas visionné je vais tenter de faire des rapprochements avec ma propre culture cinématographique. Dans le fond, on peut penser à « Equilibrium » notamment pour l’éradication des sentiments humains et de la recherche d’un médicament pour l’annihiler. Dans la forme (et un peu dans le fond) on pense forcément à « Bienvenue à Gattaca » avec l’utilisation de clair-obscur au niveau des lumières et de la prédominance du bleu.
L’univers de Gattaca est également avec présent avec la surveillance des individus avec l’implantation de puce servant de carte d’identité pour passer d’un endroit à un autre. Soyons clair, Equals n’est pas un bijou d’écriture comme « Bienvenue à Gattaca », cependant il le surpasse sur un point et sur lequel le réalisateur c’est focalisé pour raconter son histoire : la lumière. En effet, la photographie du film dirigé par John Guleserian est magnifique et montre l’apparition graduelle des sentiments qu’éprouvent nos deux héros. Une photographie qui a du sens donc et qui portera à elle seul le scénario du film assez bancal et déjà vu sans cela.
Au début du film, la photographie est uniquement bleue et rend l’ambiance du film assez froide à cause du refoulement des sentiments de la population. Cependant, le rouge clair symbole de la passion et de la résurgence des sentiments réapparaîtra petit à petit. La première fois, c’est quand Nicolas Hoult regarde Kristen Stewart dans un amphithéâtre alors que les élèves regardent le décollage d’une fusée (le gaz qui s’échappe du réacteur crée cette couleur). Ce rouge flamboyant qui efface graduellement un bleu acier terne interviendra plusieurs fois dans le film sans jamais être gratuit. Lors d’une scène de discussion, nos deux tourtereaux discutent du fait de restreindre les sentiments qu’ils ont l’un pour l’autre de peur d’être exécuté (une personne qui couche avec une autre personne est puni par une exécution dans le film).
Le spot lumière est alors bleu. Cependant, après un long silence, la lumière passe au rouge et prouve que cela est impossible pour eux. Dans une autre scène, alors que Kristen Stewart et Nicolas Hoult ne se voient plus, on voit se dernier regarder par la fenêtre de son appartement, la fenêtre étant éclairé par une nuit bleuté, cela signifie qu’il pense à renoncé à ses sentiments, le couloir de son appartement est quand à lui éclairé par une lumière rougeâtre et Nicolas Hoult se retrouve entre le couloir et la fenêtre. On sonne alors à ça porte et on aperçoit Kristen Stewart. La lumière est entièrement rouge preuve du désire de la jeune femme envers son partenaire.
Elle se met alors à courir vers la fenêtre d’une teinte bleutée tentant vainement de réfréner son désir puis cède finalement à ses sentiments en s’étreignant dans les bras de Nicolas Hoult. Après une nuit d’amour, nos deux tourtereaux se réveillent sur un lit de fortune dans un lit de fortune avec la lumière rougeâtre de l’aube. Pour comparer, lors de la scène d’ouverture, Nicolas Hoult se réveil seul dans la nuit bleutée. On peut encore parler d’une scène, ou le personnage de Guy Pearce apprend un événement important qui concerne Kristen Stewart, l’acteur qui se trouvait dans une pièce entièrement bleutée se dirige alors vers un couloir qui est éclairé d’une lumière rouge. Il cède alors à ses sentiments quitte à se faire repérer.
Cependant la scène qui m’a marqué est pourtant anodine. Alors que Nicolas Hoult quitte sa cachette ou il retrouve Kristen Stewart, il croise son professeur (Kristen Stewart est toujours dans la cachette). Après une discussion entre les deux protagonistes, le professeur remarque un détail qui le met sur la piste d’une relation entre Kristen Stewart et Nicolas Hoult. La lumière change alors passant du bleu au rouge mais uniquement sur le jeune homme. Cependant, la lumière est tellement vive qu’elle éclaire également légèrement le professeur. Ce dernier menace alors le jeune homme de le dénoncer si cela menace l’unité de la classe qu’il dirige avant de quitter notre héros.
Cette scène résume parfaitement le message du film. Malgré une société ou tout sentiment doit être éradiqué, il est impossible de les refreiner totalement et ceux malgré un médicament qui doit inhiber tout cela. On peut le constater dans deux scènes. Dans la première on voit un personnage « malade » (malade étant qu’il éprouve des sentiments dans le cadre du film) en dénonçant d’autres semblables que lui alors qu’on lui a administré le remède. Cependant un peu avant cela, on le voyait en désaccord sur le plan d’évasion de Nicolas Hoult et Kristen Stewart qui veulent quitter la ville avec l’aide de d’autres « malade ». Ce prétexte du remède lui permet de dénoncer les autres sans être incriminé. Je ne prétends pas que ce remède n’est qu’un leurre, mais il ne détruit pas entièrement les sentiments puisque le protagoniste n’était pas particulièrement emballé par ce plan.
De ce fait, quand Nicolas Hoult subit le remède, il fini tout de même par retrouver des sentiments pour Kristen Stewart. Cela est prouvé par la scène finale dans le train qui quitte la ville. La lumière est alors illuminé par la lumière rouge est aucune trace de bleu. On a donc une lumière magnifique qui a de plus un sens concret dans le film ce qui reste excessivement rare (on peut parler également des magnifiques clairs-obscurs lors des premières scènes d’amour entre les deux protagonistes). On peut cependant regretter que le reste du métrage ne soit pas à la hauteur de cette magnifique photographie qui accapare tout le film et qui écrase le reste.
La mise en scène est efficaces mais pas sensationnelle, les acteurs sont bons mais ne peuvent pas exprimer l’entièreté de leurs talents à cause de l’inexpressivité qui doivent souvent afficher, la BO est quand à elle peut marquante. Le scénario reste finalement sans surprise et dérape un peu dans sa seconde partie avec une intrigue relancée artificiellement et certaines décisions de Nicolas Hoult complètement ridicule. Cependant je pardonne partiellement tout cela tant la photographie reste l’une des plus belles que j’ai pu observer, surtout qu’elle souligne beaucoup d’élément sans que cela soit expliquer. De plus elle ne fait pas artificielle et fait avancer de manière limpide le scénario et l’état d’esprit des personnages.
Au final, Drake Doremus dépeint un monde futuriste pas si loin du notre à l’heure du repli sur soi de l’égoïsme ou camoufler ses émotions est un gage de force. Si le surplus d’émotion est négative car elle entraîne souvent la haine (nos guerres même religieuse viennent de l’incompréhension de l’autre qu’on extériorise), l’éliminer totalement représentera elle la fin de la beauté de l’être humain tel que nous le connaissons qui est toujours sublimé quand il montre ses émotions (enlever nos émotions équivaut à devenir un robot qui effectue ses actions de manière mécanique chose que nous faisons de plus en plus). L’objectif est donc de trouver la parfaite équation.