Écrit par Christopher Paolini alors qu'il n'avait que quinze ans et publié avant ses vingt printemps, le roman d'heroic fantasy "Eragon" est ce qu'on appelle une preuve d'indulgence. Un livre jeunesse écrit par la jeunesse elle-même ne peut pas être considérablement époustouflant, aussi retrouvons-nous des éléments empruntés ici et là dans le domaine de la fantasy cinématographique ou littéraire (un peu de Seigneur des Anneaux, un peu de Star Wars, un peu des Contes de Terremer...). Pourtant le livre a fait son buzz et a même eu un profond succès.
Attendue au tournant par une horde de fans désireux de voir leur roman préféré sur grand écran, cette adaptation est probablement la pire qu'il vous sera donnée de voir... Confié au superviseur des effets visuels Stefen Fangmeier, le film est un échec en tout point. Car si Fangmeier est un as côté images de synthèse, Eragon est son premier passage derrière la caméra et reste la preuve que l'on ne s'improvise pas metteur en scène comme ça : aussi bien incapable de diriger ses acteurs que de proposer une véritable dynamique et une cohérence de rythme, l'apprenti-réalisateur se fourvoie dans une entreprise trop grosse pour ses petites épaules.
Des plans télévisuels, des scènes d'action ringardes, des lignes de dialogues débiles... Même le casting, pourtant alléchant, est une erreur : quand John Malkovich s'emmerde dans son rôle de méchant pas gentil, c'est Robert Carlyle qui cabotine en sous-fifre maléfique, Jeremy Irons qui baille entre deux répliques et le jeune Ed Speleers, campant le héros-titre, qui s'efforce de ne pas trop prendre un air constamment ahuri. Mais Fangmeier n'est pas le seul coupable, les scénaristes ont également une cible sur le front.
Entre les raccourcis aberrants de l'histoire, la suppression de séquences ou personnages importants, le changement de détails sur l'univers de l'Alagaësia (qui faisait tout de même l'originalité du roman), on a de quoi hurler. Bref, les fans du roman ne s'y retrouvent plus et ces modifications auront tout de même le luxe d'empêcher la production d'un second volet au cinéma pour causes de trop d'oublis importants. Une première. Ainsi, mal interprété, mal mis en scène, enchaînant des clichés honteux de l'heroic fantasy pour les servir sur un plateau à sauciflard que seuls quelques bambins contents de voir un dragon et deux coups d'épées pourront apprécier, Eragon est une mauvaise adaptation et un mauvais film difficile à supporter.