Il fallait avoir les nerfs solides pour regarder ce documentaire jusqu'au bout. Entre la rage provoquée par les dérives affolantes d'Erdoğan, par ses ingérences en France et la rage provoquée par la malhonnêteté effarante de Caroline Roux, je pense avoir atteint 20/20 de tension.
Pas vraiment de scoop dans tout ça: plutôt un exposé de faits déjà connus, commentés par les pires qui soient côté français (Sarkozy et Valls en tête). Aucune prise de recul, aucune tentative de faire entendre des officiels turcs modérés (voire opposés... au hasard des CHP, ou encore des journalistes/intellectuels exilés), mais aussi des voix modérées françaises (osons le gros mot: quelqu'un issu de la gauche, totalement absente du docu, par exemple ?).
A en croire Caroline Roux et Marie Lorand, Erdoğan est un hystérique arrivé là par un mystère mystérieux, ou à la rigueur parce que les islamistes turcs avaient le seum depuis 1923.
Erdoğan fait du chantage, Erdoğan insulte la France. Oui oui personne (de censé) ne dit le contraire. Pourrait-on donc plutôt proposer une analyse (neutre) de cette ascension fulgurante, en faisant appel à des sources un minimum sérieuses ?
Ne pas parler de Sèvres, ne pas évoquer le chantage français (Européen plutôt), les petits calculs mesquins, ne pas préciser QUI a fondé (et pourquoi) le conseil français du culte musulman, qui le constitue, ne pas oser esquisser ne serait-ce qu'un début, un semblant, un rikiki regard critique sur les propos nauséabonds qui dominent en France et expliquent (peut-être hein, une idée folle) AUSSI pourquoi beaucoup de musulmans (pas seulement turcs) se retrouvent dans les discours guerriers d'Erdoğan: tous ces mensonges par omission sont une insulte envers les (vrais) spécialistes, envers la rigueur journalistique, et envers une partie de la population.
Le type est taré, mais le type n'est pas QUE taré: il est aussi malin et quand il insulte Macron avec son niveau de vocabulaire trumpesque, c'est en se basant sur la réalité de rejet et de stigmatisation d'une (grande) partie des musulmans. Voilà pourquoi il sait le succès que sa stratégie rencontrera.
Je ris jaune quand j'entends cette prétendue journaliste accuser (à raison) une consoeur turque d'être "proche du pouvoir". On en parle de sa proximité à elle avec le pouvoir français ? Et que dire de cette volonté exaspérante, pathétique, méprisante, de ne JAMAIS prononcer correctement le nom du type qui est le sujet de tout ce travail ?
Plus qu'à aller oublier ce désastre journalistique et à fermer les yeux sur les réactions de l'armée de trolls néandertaliens pro-sultan un peu partout sur le net.