Erectionman
Erectionman

Documentaire de Michael Schaap (2010)

C'est compliqué de noter ce documentaire. De manière générale, il n'apprend pas beaucoup de choses mais l'approche, bien qu’ambiguë par moments, reste intéressante.
Ce qui pose largement problème dans ce documentaire ce sont les discours de beaucoup d'hommes interrogés ainsi que certains propos du narrateur. Ce dernier s'interroge sur sa propre consommation de Viagra qu'il considère comme étant problématique. Il parvient à se stimuler jusqu'à l'érection lorsqu'il regarde un porno (après avoir vu des femmes en jupe dans la rue, et que ça l'excite, phrase problématique n°1), mais doit prendre ces petites pilules lorsqu'un moment intime en couple se présente.
Dans l'approche, il a été intéressant de vouloir faire intervenir des spécialistes, mais ça aurait été intéressant de pas prendre des hommes coincés dans les années 1950. Le discours est lancinant : identité virile, tout ça c'est à cause des femmes, vision hétérocentrée etc etc. On croirait limite à des intervenants sélectionnés dans une liste de mâles misogynes heurtés par l'ascension féministe. On a toute la panoplie. On a les hommes qui se réunissent dans des zones spécialement réservées aux mecs cis, dans lesquelles ils peuvent se reconnecter à leur "virilité" et, je cite, "parler comme ils veulent parce que la présence d'une seule femme suffit à rendre l'ambiance superficielle ou à attirer l'attention sur elle". On a aussi ceux qui citent encore les théories darwinistes comme références ultimes. Ceux qui parlent du déclin des hommes causé par les femmes parce que désormais elles contrôlent leurs sexualités et leurs corps donc aussi la natalité, donc ça perturbe les hommes cis vous voyez. Entre tout ça on a l'intervention d'un homme scientifique qui nous présente l'érection comme étant un processus permettant la pénétration dans le vagin, j'ai dû oublier que la terre n'était qu'hétérosexualité... Et enfin, dans les dernières petites interventions pépites, on a celle d'un théoricien qui a rédigé des ouvrages sur le déclin des hommes. Ce dernier nous présente le sport, la drogue ainsi que la pornographie comme étant les bases même de ce qui fait un homme, un vrai, un bon virilo des familles.


En bref, toutes ces interventions ne semblent pas être ici validées par le narrateur. Je pense qu'il a voulu montrer les différentes facettes du Viagra et autres stimulants. Ce qu'étaient avant des médicaments occasionnels sont désormais vus comme étant des compléments, voire des drogues. Le panel de consommateurs ne se cantonne plus aux tranches dépassant la quarantaine, on voit désormais des jeunes de vingt ans ingurgiter ces petites pilules. C'est cette nouvelle consommation qui montre les problèmes sociétaux liés à la sexualité. En effet, on a déjà cette idée de quête à l'érection via l'utilisation de ces pilules, donc en parallèle, à la pénétration (pas seulement vaginale). Cependant, la relation sexuelle ne se cantonne pas à une simple pénétration. On a donc là déjà une démonstration de la méconnaissance des sexualités et des plaisirs différents et variés mais également d'un problème parallèle, celui de la pornographie. La pornographie illustre en majeur partie des rapports sexuels pénétrant/pénétré-e. Les consommateurs/trices de pornographie s'identifient donc à ces schémas et brouillent de ce fait le caractère intime du rapport aux corps. Les hommes consommateurs de viagra de ce documentaire disent le faire dans un élan de mal-être lié aux visions sociétales de ce qu'est et doit être un homme cis hétérosexuel, soit un homme érectile. Et ces visions sont particulièrement créées par le domaine pornographique mais aussi par le domaine du divertissement. Au lieu de se déconstruire de cette "identité virile", ces hommes tentent de s'y inscrire d'avantage car la société leur fait croire que ce n'est qu'à travers cela qu'ils se sentiront accomplis.


Le documentaire montre bien les failles de ce système pharmaceutique qui se sert du caractère perdu de ces hommes en les recentrant sur leur pénis et en créant une dépendance (économique aussi puisque les produits restent chers) alimentée par une forte perte de confiance en soi.

girafefurtive
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le 30 juil. 2019

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