Quand j'ai trouvé ce livre j'ai eu peur, de primer abord je me suis dit "allez, encore une bourgeoise blanche qui couche sur papier tout un fondement européo-centré." Mais pas du tout, et tant mieux. Je ne connaissais pas encore l'auteure et professeure qu'est Mona Eltahawy et je dois dire que son témoignage ainsi que son engouement sont très poignants.
Son essai me semble des plus complets car il aborde les points centraux concernant la condition des femmes au Moyen-Orient. Il est d'autant plus important qu'il est rédigé par une "survivante", terme qu'elle préfère à celui de "victime". On a donc un mélange de récits de vies, de faits historiques et politiques, de statistiques et d'élans autobiographiques afin d'aborder différentes thématiques. Ces dernières sont diverses mais fondamentales ; la question du viol, les MGF, l'accès à l'espace public, la violence conjugale, les mariages forcés, le port voile ainsi que les relations familiales. Mais elle aborde également un point qui, en tant que gauchiasse m'a fait plaisir, c'est celui de l'hypocrisie des pays occidentaux quant à la condition des femmes au Moyen-Orient. Et pour moi c'est un point très important qui n'est que trop occulté dans les récits divers concernant ces sujets énoncés. Parce qu'il faut pas se mentir, on ne les aide absolument pas. D'une part parce que le Moyen-Orient a été très longtemps colonisé par l'occident. Qu'on a utilisé le viol comme arme de guerre, qu'on a détruit leurs civilisations, qu'on a essayé de les occidentaliser. Mais aussi parce qu'on ose pas les froisser, on aime bien féliciter les émirats pour un dit progressisme ABSOLUMENT illégitime puisqu'on ne veut pas être en froid avec nos principaux fournisseurs de pétrole. Et puis aussi parce qu'on pense les aider en interdisant le port du voile alors que c'est juste un fondement européo-centré de la bourgeoisie blanche et qu'on pense l'utiliser comme idée de libération des femmes alors que ça découle uniquement d'une islamophobie occidentale et dangereuse.
En bref, ce livre m'a beaucoup énervée du haut de la violence crue des faits dont on ne se rend peut-être pas assez compte. Il m'a donné envie d'exploser face à toutes ces inégalités scandaleuses qui se déroulent toujours au XXIème siècle. J'ai également été très en colère face à l’égoïsme des pays occidentaux qui ne se rendent pas compte qu'ils ne font qu'aggraver le cas des femmes du Moyen-Orient. Cependant, j'aime ce livre pour ce qu'il est, un témoignage risqué et sincère qui, on le sent, a envie de tout basculer.